L’Ivoirien Charles Blé Goudé, mis en liberté conditionnelle par la Cour pénale internationale (CPI), s’est adressé samedi à ses partisans depuis La Haye, à l’ouverture à Abidjan, du 1er congrès ordinaire de son parti, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep).
Après « cinq ans de prison » à la Cour pénale internationale (CPI), Charles Blé Goudé s’est dit fier du soutien que lui ont apporté ses partisans, dans un discours transmis en direct depuis La Haye, en compagnie de certains proches.
Vêtu d’un pagne à son effigie conçu pour le 1er congrès ordinaire du Cojep, couplé de la célébration des 18 ans d’existence du Cojep, Blé Goudé a remercié les membres de son parti pour avoir tenu la formation, notamment Hyacinthe Nogbou qui, selon lui, a « bien gardé (son) canari ».
Ce qui est dans ce canari, a-t-il dit en allusion au Cojep, « c’est l’avenir de la Côte d’Ivoire et la lutte contre la pauvreté », tout en saluant la présence du Front populaire ivoirien (Fpi), le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, son co-accusé.
A propos des rumeurs sur ses prétentions pour le pouvoir, il a déclaré « le jour Gbagbo sera fatigué, il nous dira et on va terminer », car parler maintenant de son « héritage », c’est « souhaiter sa mort ». Il compte comme le fleuve créer lui-même son propre lit.
S’adressant à de milliers de militants du Cojep, fixés à des écrans géants à la mythique « Place CP1 » de Yopougon, dans l’Ouest d’Abidjan, dont ils ont baptisé l’espace de son nom, Blé Goudé a affirmé que «bientôt nous sommes en route pour la Côte d’Ivoire ».
Sur la situation socio-politique en Côte d’Ivoire, il a lancé que « nos aînés n’ont pas le droit de nous léguer la guerre (…). Qu’ ils nous lèguent au moins un pays en paix et démocratique », appelant son parti à écrire son histoire.
« Je lance un appel au gouvernement ivoirien à créer les conditions d’une élection (la présidentielle de 2020) qui ne puisse pas encore créer des conflits, (car) rien n’est géré et rien n’est bouclé, tout est dynamique », a-t-il poursuivi.
Pour lui, le passage à La Haye est une semence et non un enterrement politique de sa personne. Et, à preuve, depuis février 2019, il a commencé à germer. De ce fait, ce que Dieu a commencé avec la liberté conditionnelle, il va le terminer.
Cet évènement, qui se veut un appel à la mobilisation d’une Côte d’Ivoire réconciliée, unie et fraternelle, a réuni plusieurs délégations venues des diverses contrées de la Côte d’Ivoire, de l’Europe (France, Belgique, Allemagne, Angleterre, Hollande…) et des États-Unis.
Sous des cadences de fanfare, de tambours et des rythmes musicaux, les militants et sympathisants, ont dansé dans la ferveur. Depuis La Haye, le fondateur du Cojep, Charles Blé Goudé, qui visualise le meeting, a été présenté sur des écrans géants, les mains levés et saluant la foule.
Tous les moyens techniques et logistiques ont été déployés afin que M. Blé Goudé suive ce 1er congrès et les festivités des 18 ans de son parti en direct. Sur des écrans géants dressés de part et d’autre d’un grand podium, il a été aperçu, entouré de plusieurs proches à La Haye.
Le rassemblement a enregistré la présence de Kouadio Konan Bertin dit KKB, un cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci, ex-allié au pouvoir), vêtu du pagne à l’effigie de Blé Goudé. Sur ce pagne l’on peut lire « De l’enfer, je suis revenu, ce que Dieu a commencé, il va le terminer ».
Egrenant des pas de danses avant de monter sur le podium, KKB qui se dit « ami et frère » de Charles Blé Goudé, a tout d’abord fait observer une minute de silence pour le décès de DJ Arafat, une idole des jeunes Ivoiriens et Africains partie à fleur de l’âge.
Bien qu’il ne soit pas du même bord politique que Blé Goudé, KKB dit apporter son « soutien » à cet évènement car pour lui le fondateur du Cojep « n’est pas mort (politiquement), il est vivant ». Il a révélé que Blé Goudé dit « demeurer le premier pro-Gbagbo » en Côte d’Ivoire.
M. Charles Blé Goudé est co-accusé de l’ex-président Laurent Gbagbo dans les violences post-électorales ivoiriennes de 2010-2011 ayant fait plus de 3.000 morts. Libérés sous conditions, ils attendent une éventuelle relance des charges du procureur de la Cour pénale internationale (CPI).
« Les circonstances politiques de la Côte d’Ivoire ont tenté de nous mettre à genou, mais nous sommes restés debout », a lancé Joël Poté, le président du Comité d’organisation, qui a félicité les militants pour être restés jusqu’à aujourd’hui constants.
Avec le Cojep, Charles Blé Goudé « traverse le désert pour atteindre la terre promise », estime un militant de la formation qui affirme que « le combat nous appartient et ensemble nous gagnerons » la bataille de la démocratie.
Pour Abel Tapé Gnaoré, venu de Saioua, une localité dans l’Ouest ivoirien, Charles Blé Goudé « sera né de nouveau » et libéré totalement. Venu également à cette « messe » du parti, Jean Kemé, en provenance de Dabou, à l’Ouest d’Abidjan, savoure un instant de renaissance du parti.
En dépit d’une légère pluie aux environs de 14h GMT (heure locale), cela n’a pas entamé la mobilisation des partisans, visiblement fiers d’arborer le pagne à l’effigie de leur leader portant l’écriteau « le combat aux mains nues » et Blé Goudé exhibant ses deux paumes nues.
Initialement un mouvement proche de M. Gbagbo, le Cojep est devenu un parti politique. En l’absence de son fondateur Blé Goudé, il est animé par Hyacinthe Nogbou. Charles Blé Goudé devrait être porté à la présidence du parti au terme du 1er congrès ordinaire du Cojep.
« J’accepte de prendre mon canari », a affirmé Blé Goudé, en allusion à la prise de la tête du Cojep, avant de souligner « c’est un travail d’équipe (et) ensemble vous et moi, nous allons construire un grand parti politique, un creuset qui unit » toute la Côte d’Ivoire.
AP/ls/APA