La campagne 2023 de commercialisation de la noix de cajou, se déroule dans un contexte international de conjoncture économique, particulièrement marqué par une demande en amande de cajou inférieure à l’offre.
Selon Dr Adama Coulibaly, le directeur général du Conseil coton-anacarde, organe de régulation de la filière en Côte d’Ivoire, cela est dû « principalement à la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs traditionnels que sont les Américains et les Européens ».
Cette situation actuelle du marché a eu pour conséquence directe la baisse généralisée de la demande et des prix à l’exportation de la noix de cajou des pays producteurs africains. Les prix internationaux en direction de la Côte d’Ivoire ont baissé d’environ 30% en raison de la baisse des activités des industriels vietnamiens et indiens.
Il partagera que cette baisse est relative à la fermeture de 30% des unités industrielles au Vietnam, mais cela est largement compensé par les autres usines qui sont en activité, en Chine, ainsi qu’en Afrique. Et d’ajouter, malgré cette situation, les exportations sont en hausse en Côte d’Ivoire.
Au niveau intérieur, « cette crise s’est traduite par un ralentissement des financements de la commercialisation par les exportations, ce qui a entraîné une relative baisse du prix bord champ à partir d’avril 2023 » au niveau de la campagne ivoirienne, a-t-il renchéri.
En dépit des contrôles de terrain, les prix bord champ qui avaient atteint un niveau de 415 Fcfa le Kg, en début de campagne, ont chuté dès le mois d’avril dans certaines localités en dessous du prix plancher fixé par le gouvernement, a renseigné Dr Adama Coulibaly.
Par ailleurs, fera-t-il, remarquer que « les quantités commercialisées par l’ensemble des producteurs au début du mois d’avril 2023, avant la baisse des prix, étaient de 750.000 tonnes correspondant à 71% de notre objectif projeté ».
Il précisera que « 750.000 tonnes ont été achetées entre le prix plancher de 315 Fcfa et 400 Fcfa, avant que les prix ne commencent à tomber ». Face à cela, le Conseil coton-anacarde a initié dès le 20 avril 2023, une opération d’achat et de régulation avec des prix bord champ plancher de 315 Fcfa.
Cette opération, toujours en cours, vise à faire remonter les prix bord champ. Dr Adama Coulibaly note que les stratégies adoptées par le Conseil depuis le début de la campagne ont permis de sortir à ce jour, des mains des producteurs, environ 1,150 million de tonnes, soit 100.000 tonnes de plus que la quantité prévue.
« Nous avions prévu 1,050 million tonnes de noix de cajou et nous sommes à 1,150 million tonnes, or la campagne n’est pas encore achevée » a-t-il poursuivi. Sur ces quantités achetées aux producteurs, 1,102 million de tonnes ont été effectivement déchargées.
Dans les magasins portuaires, « 853.000 tonnes ont été déchargées et 249.000 tonnes dans les magasins des transformateurs », a-t-il relevé, commentant « qu’on peut dire que pour une prévision de 300.000 tonnes pour l’année 2023 à transformer localement, nous sommes à 83% de cet objectif ».
A la même période, en 2022, les quantités déchargées étaient de 968.000 tonnes contre 915.000 tonnes en 2021. Si l’on compare les quantités déchargées en 2023 et celles en 2022, il y a 134.000 tonnes de plus pour cette campagne contre 187.000 tonnes de plus en 2021, a-t-il fait observer.
Aujourd’hui, « nous sommes à 593 tonnes de noix brutes de cajou exportées vers les principaux clients classiques, le Vietnam et l’Inde. Cette année, le ratio est de 80% pour le Vietnam, 19% pour l’Inde et 1% entre l’Algérie, la Malaisie », a-t-il dit.
Le Conseil estime « à ce jour, les quantités détenues par les producteurs à environ 100.000 tonnes ». Pour Dr Coulibaly, « s’il est vrai que la conjoncture économique défavorable a affecté les prix intérieurs de la noix brute, les chiffres réels de la commercialisation contredisent fortement toutes les thèses de mévente de la noix de cajou ».
Dr Adama Coulibaly a, ensuite, fait savoir que 593.000 tonnes ont été exportées à ce jour pour la campagne 2023, en cours, contre 455.315 tonnes à la même période l’année précédente, soit un gap positif 138.000 tonnes de cajou exportées malgré la crise et la baisse de la consommation sur les marchés traditionnels.
Le directeur général du Conseil coton-anacarde a, par ailleurs, dénoncé « l’incivisme » de certains acteurs qui vont chercher les produits dans des pays voisins, tout en appelant les pays producteurs sur le continent à être « solidaires pour éviter cette situation »
La campagne 2023, en Côte d’Ivoire, a été ouverte le 10 février 2023 avec un prix plancher bord champ de 315 Fcfa/Kg. Les prévisions de production étaient de 1,050 million tonnes de noix brutes de cajou, dont 300.000 tonnes destinées aux unités locales de transformation contre 224.000 tonnes en 2022.
Le Conseil a ouvert, le 15 juin 2023 une zone industrielle dédiée à l’anacarde dans le nord du pays. Il prévoit, dans les prochaines semaines, d’ouvrir deux autres parcs industriels dont les travaux sont très avancés, notamment à Bondoukou (Est) et à Séguéla (Nord).
AP/APA