Une explosion de grossesses non désirées, en Côte d’Ivoire, est à craindre au regard de la baisse de fréquentation des services de santé sexuelle et reproductive, suite à la pandémie de la Covid-19, prévient Dr Sosthène Dougrou, directeur régional Afrique Francophone de IPAS.
Dr Sosthène Dougrou s’exprimait en marge d’une rencontre d’échanges, à Abidjan, avec une plateforme des organisations de la société civile, dans le cadre de la promotion du Protocole de la Charte africaine des droits de l’Homme relative aux droits de la femme, bien connu sous le nom de Protocole de Maputo.
Selon Dr Dougrou, l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur la santé sexuelle et reproductive, bien qu’il n’y ait pas encore d’étude poussée, mais l’expérience montre que les taux de fréquentation des structures sanitaires baissent drastiquement.
« Il est à craindre que les avortements augmentent pendant et après cette période de la Covid-19, parce qu’ il n’y a plus de planification familiale » ou parce que l’accès aux service de santé sexuelle et reproductive est difficile, a relevé Dr Dougrou.
La priorité du gouvernement, à l’heure actuelle, est portée sur la crise sanitaire de la Covid-19, avec l’achat ou la commande de masques, de réactifs pour détecter le virus vu la situation d’urgence, a dit Dr Dougrou, avant d’ajouter que l’Etat devrait garder à l’œil sur les besoins contraceptifs.
Il a fait savoir que les échanges avec les organisations de la société civile ont porté sur les points clé du protocole de Maputo, notamment les textes en rapport avec le mandat de IPAS qui travaille dans le domaine de la santé sexuelle et des droits reproductifs. : slogan : santé, accès et droits.
Pour IPAS, s’agit de « partager cet instrument juridique et voir comment les organisations de la société civile peuvent nous accompagner dans le plaidoyer pour domestiquer le protocole de Maputo mais aussi amener les gouvernants à traduire le protocole de Maputo en élément concret sur les aspects de santé sexuelle et reproductive, notamment sur la planification familiale, les questions d’avortement sécurisé », a affirmé Dr Dougrou.
Nicolas Vako, président de l’Unico et coordonnateur du Partenariat d’Abidjan pour la mise en œuvre du Protocole de Maputo, s’est félicité que la Côte d’Ivoire ai signé et ratifié le protocole de Maputo. Ce partenariat vise à exhorter le gouvernement à mettre en œuvre le Protocole de Maputo.
Ce partenariat communautaire devrait par ailleurs « nous mettre ensemble (en tant qu’organisations de la société civile) pour voir ce qu’on peut faire sur plusieurs plans pour mettre en œuvre le protocole de Maputo », a renchéri M. Nicolas Vako.
L’Unico est un réseau comprenant 102 organisations sur le territoire national. Selon M. Vako, il a été mis en place une plate-forme en appelant d’autres réseaux des organisations de femmes, de droit, et la presse….pour impulser le Partenariat d’Abidjan sur le protocole de Maputo.
Le Partenariat d’Abidjan devrait également permettre de « pousser et faire en sorte que les choses avancent sur les plans des droits humains, de l’avancée communautaire » dans le cadre de l’amélioration des droits humains, a-t-il, poursuivi.
Le protocole de Maputo, de son vrai nom est le protocole de la Charte africaine des droits de l’Homme relative aux droits de la femme, a précisé Dr Dougrou, indiquant qu’il a été adopté par l’Union africaine depuis 2003 à Maputo et ratifié par la Côte d’Ivoire en 2011.
En Côte d’Ivoire, mentionnera-t-il, « 20% des femmes décèdent suite à des avortements non sécurisés. Et chaque année, c’est entre 210 000 femmes et 290 000 femmes qui pratiquent les avortements et parmi lesquelles beaucoup décèdent ».
AP/ls/APA