Des députés ivoiriens, membres de la section locale dite légitime de la Côte d’Ivoire de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), ont souhaité mardi à Abidjan la délocalisation de la 45è session de cette institution prévue en juillet dans la capitale économique ivoirienne estimant « craindre le pire », a constaté APA sur place.
« Nous souhaitons que cette 45è session de l’APF ne se tienne pas à Abidjan. Nous craignons le pire et des dérapages au regard de ce qui s’est passé à Rabat au Maroc lors de la 27è Assemblée régionale Afrique », a dit dans une conférence de presse Gnangadjomon Koné, le président de cette section.
Selon le député Gnangadjomon Koné qui a co-animé cette conférence avec plusieurs autres députés proches de l’ex-président du parlement ivoirien Guillaume Soro dont Loukimane Camara et Trazeré Célestine, au moins deux raisons justifient leur souhait de voir délocaliser ces assises de l’APF.
« Premièrement, nous voulons cette délocalisation pour préserver l’image de notre pays au regard de ce qui s’est passé à Rabat. Nous estimons que nous tendons vers des scènes de violences pendant ces assises. La deuxième raison, c’est que si l’APF tient cette 45è session à Abidjan, c’est comme si elle soutenait le déni de démocratie au sein de notre Assemblée nationale», a expliqué M. Koné, député de Dianra dans le Nord ivoirien.
Quant à Loukimane Camara et Célestine Trazeré, respectivement, député de Bouna (Nord-Est) et députée d’Issia (Centre-Ouest), présidente du groupe parlementaire Rassemblement (Opposition), ils ont dénoncé une sorte d’acharnement du pouvoir d’Abidjan contre leur leader Guillaume Soro estimant que le « gros problème » est la non-appartenance de celui-ci au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix ( RHDP, coalition au pouvoir).
« Notre Assemblée nationale est prise en otage par l’exécutif… Nous avons peur pour nos vies», a indiqué Mme Trazeré. « Nous nous donnerons tous les moyens pour que cette 45è session de l’APF ne se tienne pas à Abidjan », a conclu pour sa part Gnangadjomon Koné, le conférencier principal.
Depuis début juin dernier, une crise secoue la section Côte d’Ivoire de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF). Le nouveau président de l’hémicycle ivoirien, Amadou Soumahoro a saisi le bureau de l’APF à l’effet de déchoir son prédécesseur Guillaume Soro du titre de premier vice-président de cette institution qu’il occupe depuis 2017.
Une requête à laquelle semble n’avoir pas encore répondu favorablement cette institution. Le week-end dernier à Rabat au Maroc où s’est tenue la 27è Assemblée régionale Afrique de l’APF, deux délégations se sont présentées à cette rencontre au nom de la Côte d’Ivoire.
L’une conduite par M. Soumahoro et l’autre conduite par M. Soro créant ainsi une ambiance délétère lors de ces assises. De retour à Abidjan après ce conclave, la polémique continue d’enfler au sujet de la participation ou non de M. Soro à cette Assemblée régionale.
Alors que la section Côte d’Ivoire de l’APF conduite par M. Soumahoro soutient que M. Soro n’a pu prendre part à ces assises parce qu’ayant été éjecté par l’institution de son poste de 1er vice-président, le camp de celui-ci affirme le contraire.
Selon Guillaume Soro et ses partisans, l’APF lui a plutôt reconnu sa « qualité indéniable » de premier vice-président au sortir de la rencontre de Rabat. Mieux, dans un courrier adressé au président de l’APF rendu public lundi, Guillaume Soro a annoncé sa candidature au poste de président de cette organisation.
« Élu vice-président de l’APF lors de notre session de Luxembourg en juillet 2017, j’ai l’honneur de vous informer et confirmer que je suis candidat au poste de président de l’Assemblée parlementaire de la francophonie », a annoncé Guillaume Soro.
Il a expliqué que l’article 105 des statuts, lui « accordant à priori la vocation à être le futur président de notre Assemblée parlementaire », il compte poursuivre son engagement au sein de l’organisation.
LB/hs/te/APA