La situation actuelle se rapproche du pic de la première vague, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
L’Afrique risque-t-elle de revivre les difficiles moments de la première vague de la pandémie ? Tout laisse à le croire. Les cas de Covid-19 ont en effet augmenté de plus de 20 % d’une semaine à l’autre à travers le continent. Rien que pour la semaine dernière, les nouveaux cas à l’échelle du continent ont augmenté de près de 30%. Au cours de la même semaine, les décès ont augmenté de près de 15 % pour atteindre plus de 2.200 dans 36 pays.
L’Afrique se rapproche ainsi du pic de la première vague, soit plus de 120.000 cas hebdomadaires enregistrés en juillet 2020, selon de nouvelles données de la branche africaine de l’OMS.
Sur le terrain, souligne l’OMS, les signes d’une troisième vague se multiplient. Les cas sont passés à plus de 116.500 au cours de la semaine se terminant le 13 juin, contre près de 91.000 cas la semaine précédente. Une dynamique notée après un mois « d’augmentation progressive » du nombre de cas qui a permis au continent de dépasser la barre des 5 millions de cas.
Inquiétudes dans trois régions africaines
A en croire l’organisme onusien en charge de la Santé mondiale, seule l’Afrique reste sujette à une augmentation du nombre de cas de Covid-19. Alors que dans les cinq autres régions de l’OMS à travers le monde, le nombre de nouvelles infections continue de baisser.
Cinq pays représentent 76 % des nouveaux cas : l’Afrique du Sud avec 43 %, suivie par la Tunisie, la Zambie, l’Ouganda et la Namibie. La République démocratique du Congo (RDC), la Namibie et l’Ouganda ont signalé leur plus grand nombre de nouveaux cas hebdomadaires depuis le début de la pandémie.
Les nouveaux cas enregistrés chaque semaine en Afrique ont désormais dépassé la moitié du pic de la deuxième vague de plus de 224.000 cas hebdomadaires enregistrés début janvier 2021. Pour la directrice du Bureau de l’OMS pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti, le continent est en train de vivre une véritable troisième vague.
« La trajectoire de l’augmentation des cas donne à réfléchir et devrait inciter tout le monde à agir de toute urgence », a-t-elle dit.
Parmi les facteurs expliquant cette tendance à la hausse, l’OMS avance « le manque d’adhésion aux mesures de prévention ». Cette nouvelle donne coïncide aussi avec un climat plus froid en Afrique australe et avec la propagation de variantes plus contagieuses.
A l’instar du variant Delta, détecté pour la première fois en Inde en octobre 2020, qui a été signalé dans 14 pays africains. Les variants Alpha (britannique) et Beta (sud-africain) sont, quant à eux, présents dans plus de 25 pays africains.
Cinq millions de doses administrées en cinq jours
« Nous avons vu en Inde et ailleurs à quelle vitesse le nouveau coronavirus peut rebondir et submerger les systèmes de santé », a mis en garde la Dr Moeti, prônant un renforcement des mesures de santé publique, en trouvant, testant, isolant et soignant les patients ainsi qu’en retraçant rapidement les cas contacts.
Par ailleurs, cette nouvelle flambée s’explique en partie aussi par le difficile déploiement de la vaccination sur le continent, surtout par rapport au reste du monde.
Certes le déploiement en Afrique s’accélère avec plus de 5 millions de doses administrées au cours des cinq derniers jours, contre environ 3,5 millions de doses par semaine au cours des trois dernières semaines. Près de 12 millions de personnes sont désormais entièrement vaccinées, mais cela représente toujours moins de 1 % de la population africaine.
Vingt-trois pays africains ont utilisé moins de la moitié des doses qu’ils ont reçues jusqu’à présent, dont quatre des pays qui connaissent une résurgence.
Vacciner et remobiliser les communautés
« L’augmentation du nombre de cas et de décès est un signal d’alarme urgent pour ceux qui sont à la traîne, qui doivent rapidement multiplier les sites de vaccination, atteindre les groupes prioritaires et répondre aux préoccupations de la communauté », a fait valoir la Dr Moeti.
A noter que près de 85 % de toutes les doses de vaccin dans le monde ont été administrées dans des pays à revenu élevé ou moyen supérieur – une moyenne de 68 doses pour 100 personnes dans les pays à revenu élevé, contre près de 2 doses pour 100 personnes en Afrique.
Malgré ces difficultés dans l’accès vaccinal, l’OMS dit aider les pays à examiner et à mettre en œuvre des plans de résurgence jusqu’au niveau du district. L’Agence sanitaire mondiale de l’ONU élargit également l’accès à des tests de diagnostic rapide faciles à utiliser pour la détection d’antigènes dans les communautés qui n’auraient pas accès aux tests standard PCR.
Avec ses partenaires, l’OMS mobilise aussi les communautés des pays africains par l’intermédiaire de leurs dirigeants et de leurs associations, ainsi que par le biais des médias sociaux, afin de promouvoir l’adhésion aux mesures préventives, de contrer les rumeurs ou la désinformation et de surmonter l’hésitation à se faire vacciner.
ARD/te/APA