Dans la région du Central River, à plus de 140 km de Banjul, la pénurie d’eau s’accommode mal avec les exigences d’hygiène imposées par la pandémie du coronavirus.
La consommation d’eau dans le monde est naturellement accentuée par l’observance d’une des règles d’hygiène les plus importantes édictées depuis le début de la lutte contre la pandémie de Covid-19, notamment le lavage des mains pour minimiser voire prévenir les risques d’infection.
Dans les communautés rurales gambiennes comme celles de Kerr Madi et Jareng Fula Kunda, les populations vivent des moments difficiles à cause de la rareté du liquide précieux dans ce contexte de croisade contre le coronavirus.
Elles parcourent trois à quatre kilomètres, voire plus encore à la recherche désespérée d’eau pour les besoins les plus élémentaires, notamment la cuisine, la lessive et autres usages quotidiens.
Selon les statistiques nationales, cette zone est la région la plus pauvre de la Gambie.
A Kaur, l’une des plus grandes villes de la région, située à environ 149 km à l’est de la capitale, l’eau y est un luxe dont l’accès demeure difficile pour beaucoup de ménages. D’où la difficulté d’observer strictement le lavage régulier des mains pour éviter de contracter le virus.
« Actuellement, la situation dépasse l’entendement … l’interdiction des marchés hebdomadaires appelés loumas qui sont leurs principales sources de revenus ne permet aux populations de la région de survivre. Et combinée à la pénurie, c’est un cauchemar aux proportions ingérables », explique à APA Kebba Ansu Manneh.
Selon ce journaliste local rentré récemment d’une tournée dans la région, l’unique puits de Kerr Madi, qui est d’ailleurs tombé en panne, attend d’être réparé.
En attendant, les villageois parcourent plusieurs kilomètres à pied pour aller puiser de l’eau dans les villages voisins. Surtout en cette période de l’année où les sources d’eau ont tari, les conditions de vie se sont davantage exacerbées pour ces populations qui se soucient également de leur bétail.
Quant aux habitants du district de « Upper Saloum », ils vont jusqu’à celui de Nianija voisin pour abreuver et faire paître leur bétail.
« Le jour même où je me suis rendu là-bas, j’ai vu le député de la région distribuer de l’eau dans un camion-citerne. C’est cette eau que les populations utilisaient, mais je sais qu’il sera difficile de continuer un tel approvisionnement », a fait remarquer Kebba.
Il souligne que ce serait un défi énorme pour lutter contre le virus dans cette région du pays, en raison de la « lutte constante » pour l’eau.
Même si aucun cas communautaire de Covid-19 n’est jusque-là enregistré dans la localité, de nombreux Gambiens redoutent les effets due la pénurie d’eau sur la propagation de la maladie.
Selon un député de district rural, Alfusainey Ceesay, les populations de la région remettent en question les recommandations de ces mesures d’hygiène pour éviter le virus, alors que la plupart d’entre elles passent la journée à chercher de l’eau à boire.
« Lors de mes actions de sensibilisation, un homme âgé m’a interpellé pour me demander s’il est logique de recommander le lavage des mains dans un village comme Damel Berre où il n’y a pas d’eau potable », explique Ceesay.
Ces derniers jours, le nombre de cas confirmés de virus en Gambie est passé de quatre à neuf. En effet, les autorités envisagent le confinement total.
Les commerçants, en particulier les vendeurs de produits alimentaires, seraient affectés par les nouvelles restrictions annoncées si elles sont appliquées.
Actuellement, le pays est sous confinement partiel, avec de nombreux bureaux fermés ou en service minimum avec un personnel réduit.
EJ/as/fss/Dng/APA