A Dakar, la capitale sénégalaise, l’angoisse est le sentiment le mieux partagé suite à la confirmation du deuxième cas de coronavirus (covid-19) importé dans le pays, amenant ainsi plusieurs personnes à changer de comportement.
Le coronavirus, à ce jour, a causé plus de 3200 décès sur les quelques 94.200 cas de contamination recensés dans le monde, soit un taux de mortalité de 3,4 %. Après l’Egypte, l’Algérie et le Nigeria, le Sénégal est devenu, lundi dernier, le quatrième pays africain touché par cette épidémie létale.
Mame Mbacké Ndiaye, assistante dans une société de la place, a été très précautionneuse à l’annonce du premier cas de Covid-19 dans son pays. Elle s’est empressée d’aller à la pharmacie pour s’approvisionner en masques et en gels hydro-alcooliques.
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« Je ne suis pas surprise. Je savais qu’on ne serait pas épargné en raison de la propagation rapide de cette maladie dans le monde », lance-t-elle comme dans un air de désolation.
Un peu plus loin, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), l’enseignant en odontologie Moctar Guèye est surpris dans une discussion, à son bureau, avec son ami orthodontiste Abdou Salam Diongue.
Comme Mme Ndiaye, M. Guèye pense que « n’importe qui est susceptible d’être porteur de ce virus car le monde est devenu un village planétaire ».
Parti de Wuhan, au centre de la Chine continentale, le covid-19 a fait irruption dans une trentaine de pays. Tout de même, plus de 50.000 patients ont recouvré la santé après des soins médicaux appropriés. Mais n’empêche, Moctar Guèye, colonel dans les forces armées sénégalaises, reste « animé par une inquiétude à retardement, puisque ce sentiment a commencé depuis qu’on a appris l’existence de cette pathologie ».
Panique
Au Sénégal, le premier cas de contamination a été annoncé lundi, mettant une grande partie de la population dans une panique terrible. N’ayant pas fini de retrouver leurs esprits, les Sénégalais furent informés le lendemain d’un second patient de 80 ans contrôlé positif dans un hôpital de la banlieue dakaroise.
Si les autorités louent la qualité des ressources humaines de la santé au Sénégal, M. Guèye fait également « confiance à notre système (sanitaire) qui a permis de prendre en charge ce patient », le premier en l’occurrence, de nationalité française comme le deuxième cas. Revenu le 26 février à Dakar, il a été reconnu positif au Covid-19 cinq jours plus tard.
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D’après les autorités, ce « patient 0 », dont l’état « continue de s’améliorer », n’a pas contaminé ses proches qui ont été mis en quarantaine à la suite de son hospitalisation au Service des Maladies Infectieuses de Fann, à Dakar. Ce qui rassure d’emblée M. Guèye qui se demandait si « d’autres mesures (allaient) être prises, notamment, concernant les personnes qui étaient dans son environnement familial et aussi les gens avec lesquels il a voyagé ».
Même si plusieurs sources indiquent que lesdits passagers ont été identifiés et suivis, son ami Abdou Salam Diongue, basé à Bordeaux (France), ne semble pas pour autant rassuré. Revenu samedi dernier à Dakar, l’orthodontiste continue d’émettre des réserves sur l’efficacité du dispositif anti-Covid-19 mis en place à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) de Diass.
A l’arrivée, « tous les passagers sont pris en charge pour la détection de l’hyperthermie », raconte-t-il avant de poursuivre: « J’ai vu un personnel consciencieux, mais à mon avis pas assez bien équipé ».
Le dispositif aéroportuaire en question
Sur place, ajoute M. Diongue, « il n’y avait pas d’équipements spécifiques, ni de masques ni de protection supplémentaire. Et si jamais parmi les passagers, certains porteurs du virus échappent au contrôle, je crains (et) pour leur santé » et pour la santé de ceux qu’ils vont croiser.
Néanmoins, lui et son camarade entendent se conformer aux consignes et recommandations hygiéniques pour se prémunir.
Dans le même temps, certains pharmaciens interrogés notent que la vente des masques de protection et des gels a doublé, même s’ils essaient de leur côté d’arranger la situation en vendant un lot de 5 masques par famille.
Mais pour autant, Moctar Guèye affirme ne pas être obnubilé par le Covid-19 qui, bien que se propageant plus vite, est pour lui moins mortel qu’Ebola ou le Syndrome respiratoire aigu sévère (Sras).
MSB/odl/te/APA