Le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) prend le contre-pied de la charte de la transition adoptée à l’issue « des journées de la concertation nationale ».
Les dissensions se font jour au Mali. Dans une déclaration datée du 12 septembre, le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) « se démarque du document produit (la charte de la transition) qui ne reflète pas les points de vue et les décisions du peuple malien ».
Pour ce collectif d’opposants politiques, d’activistes de la société civile et de religieux dont les nombreux rassemblements à la Place de l’indépendance de Bamako ont précipité le renversement par l’armée du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), « le document final lu lors de la cérémonie de clôture (des journées de la concertation nationale) n’était pas conforme aux délibérations issues des travaux des différents groupes ».
Parmi les points essentiels non inscrits dans la charte de la transition figurent « la reconnaissance du rôle du M5-RFP et des martyrs dans la lutte du peuple malien pour le changement, le choix majoritaire d’une transition dirigée par une personnalité civile et le choix d’un Premier ministre civil ».
Le Comité stratégique du M5-RFP « dénonce aussi les rajouts à la charte qui n’ont jamais été soumis à débats ». Ils sont relatifs aux prérogatives du vice-président de la transition, à la composition et au mode de désignation des membres du collège devant choisir le président de la transition et à l’acte fixant la clé de répartition entre les composantes du Conseil national de la transition.
Dans son réquisitoire, le M5-RFP « condamne la non prise en compte de nombreux points qui n’avaient fait l’objet ni de rejet ni même de réserve dans aucun groupe (de discussions) ». C’est le cas notamment des Assises nationales, de l’organe de gestion du mécanisme de veille sur la transition et de la Cour constitutionnelle.
En définitive, le M5-RFP voit dans cette démarche une « volonté d’accaparement et de confiscation du pouvoir au profit du CNSP », le Comité National pour le Salut du Peuple créé par la junte militaire ayant destitué IBK et qui dirige le pays depuis le 18 août dernier.
Le mouvement contestataire remarque que ses membres font l’objet « d’intimidations » mais entend combattre « les pratiques antidémocratiques et déloyales contre lesquelles la lutte pour le changement et la refondation a été enclenchée ».
La charte de la transition a été approuvée samedi 12 septembre à l’issue de trois jours de concertations nationales au Centre International de Conférences de Bamako (CICB). Ce document de base fixe à dix-huit mois la durée de la transition politique et permet au CNSP de former un comité chargé de choisir « un président civil ou militaire » pour mener la transition.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) avait, lors de son dernier Sommet ordinaire tenu la semaine dernière à Niamey (Niger), exigé la désignation de deux personnalités civiles aux postes de président et de Premier ministre de la transition.
Une délégation de la junte malienne doit se réunir, mardi 15 septembre, avec les dirigeants de l’organisation régionale dans le but de les convaincre d’accompagner la transition envisagée et de lever les sanctions prononcées contre Bamako au lendemain du putsch, dont la suspension des flux financiers et la fermeture de toutes les frontières des pays membres avec le Mali.
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