Par Mohamed Fayed — L’Egypte et le Soudan se sont déclarés profondément préoccupés par les effets et les dommages potentiels du remplissage et de l’exploitation du barrage de la « Renaissance » par l’Ethiopie, de façon unilatéralement et sans accord juridiquement contraignant régissant les travaux de cet immense ouvrage.
Dans une déclaration conjointe publiée à l’issue d’une rencontre de haut niveau entre les ministres égyptiens des Affaires étrangères et de l’irrigation respectivement Sameh Choukri et Mohamed Abdelatti et leurs homologues soudanais à savoir Mme Meryam Al- Sadiq Al-Mahdi, ministre des Affaires étrangères, et Yasser Abbas, ministre de l’Irrigation et des Ressources en eau, les deux parties ont souligné l’importance d’efforts internationaux concertés pour parvenir à un règlement de la crise du barrage de la Renaissance, en tenant compte des intérêts des trois pays et en garantissant leurs intérêts communs.
Les deux parties se sont également accordées sur la nécessité d’une coordination afin de protéger la sécurité, la paix et la stabilité dans la région et le continent africain en général, ce qui nécessite une intervention agissante de la communauté internationale pour parer aux risques liés à la poursuite par l’Éthiopie de sa politique d’imposer le fait accompli aux pays en aval et la volonté unilatérale que continue de suivre Addid-Abeba, qui s’acharne dans son annonce d’ intention de remplir le barrage de la Renaissance lors de la prochaine saison des crues sans tenir compte des intérêts du Soudan et de l’Égypte.
Les efforts continentaux et internationaux doivent se poursuivre pour pousser l’Éthiopie à négocier sérieusement, de bonne foi et avec une réelle volonté politique, afin de parvenir à un accord global, juste et accord juridiquement contraignant sur le remplissage et l’exploitation du barrage de la Renaissance, après que les négociations parrainées par l’Union africaine aient abouti à une impasse en raison de l’intransigeance éthiopienne, souligne la Déclaration conjointe.
Les entretiens entre les deux parties ont également porté sur les relations bilatérales entre les deux pays et les moyens de les renforcer dans l’intérêt des peuples des deux pays.
Avec une capacité de production hydroélectrique de 6.450 MW, soit trois fois celle du barrage d’Assouan, le Grand barrage de la Renaissance n’aura d’équivalent sur le continent qu’Inga III, une fois ce projet réalisé sur le fleuve Congo. Grâce à cet ouvrage, l’Éthiopie assurera son indépendance énergétique, tout en exportant pour près de 800 millions de dollars d’électricité chaque année chez ses voisins soudanais, kényans et djiboutiens.
Pour dompter les eaux du Nil Bleu, qui contribue à lui seul à près des deux tiers du débit du fleuve, les Éthiopiens ont investi officiellement près de 6 milliards de dollars, soit près de la moitié du budget annuel de l’État.
Pour démarrer au plus vite sa production d’énergie, l’Éthiopie veut le remplir en sept ans, quand l’Égypte demande d’y parvenir en douze à vingt ans. Selon certains experts, le barrage de la Renaissance pourrait diminuer de 25 % le débit annuel du fleuve. Depuis 1959, un traité de répartition des eaux accorde 55,5 milliards de m3 à l’Égypte et 18,5 milliards de m3 au Soudan, soit près de 90 % du débit annuel du fleuve. Les eaux qui descendent des hauts plateaux éthiopiens représentent 85 % de l’eau douce consommée par l’Égypte.
L’Égypte estime que le remplissage de ce barrage pourrait réduire sa part d’eau de 20 milliards de mètres cubes d’eau du Nil, ce qui provoquera une véritable catastrophe puisque ce pays est presque entièrement dépendant de l’eau du Nil. Cette part pourrait diminuer pour atteindre 34 milliards de mètres cubes par an, ce qui constitue un vrai désastre pour l’Egypte.
HA/APA