Nouvelle tension diplomatique entre Mogadiscio et Addis-Abeba, après le passage de troupes éthiopiennes en terre somalienne. Alors que l’accord signé en janvier par l’Ethiopie avec l’enclave du Somaliland pose toujours problème.
Le représentant permanent de la Somalie auprès des Nations unies, l’ambassadeur Abukar Dahir Osman, accuse l’Ethiopie d’envoyer des troupes dans son pays sans autorisation.
Osman a déclaré que des milliers de soldats éthiopiens lourdement armés ont traversé la zone administrative de Hiran via le district de Mataban.
« En raison des perturbations causées par les forces éthiopiennes, notamment les actions unilatérales et les passages frontaliers illégaux, la Somalie a été forcée de reporter la transition de septembre », a déclaré Osman lundi dernier lors d’un briefing du Conseil de sécurité de l’ONU.
Parlant du plan de retrait de quelque 4.000 soldats de la Mission de transmission de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) d’ici la fin du mois de juin, l’ambassadeur a mis en garde le Conseil contre les conséquences de ces actions déstabilisatrices pour la Somalie et l’ensemble de la région. Il a exhorté l’Ethiopie à respecter la Charte des Nations unies et les principes de bon voisinage en reconsidérant sans plus tarder son « mémorandum de mésaventure ».
Les autorités éthiopiennes n’ont pas commenté les déclarations de la Somalie.
La sortie du diplomate fait suite à des informations selon lesquelles des soldats éthiopiens seraient entrés dans la région somalienne de Hiran le vendredi 21 juin 2024 pour surveiller les menaces d’Al-Shabaab, mais se seraient retirés le lendemain.
Cette décision intervient alors que les relations diplomatiques entre Mogadiscio et Addis-Abeba se sont détériorées ces derniers mois à la suite d’un protocole d’accord entre l’Ethiopie, pays enclavé, et le Somaliland, accordant à ce pays un accès à la mer pour la location d’une base militaire.
Bien que disposant de sa propre monnaie, le Somaliland est toujours considéré comme une enclave de la Somalie par la communauté internationale, qui refuse de le reconnaître comme un pays indépendant.
Le 31 mai, Hussein Sheikh Ali, conseiller à la sécurité nationale du président somalien Hassan Sheikh Mohamud, a déclaré que la Somalie s’attendait à ce que toutes les troupes éthiopiennes quittent le pays.
Au moins 3.000 soldats éthiopiens seraient stationnés en Somalie dans le cadre de l’ATMIS, qui combat Al-Shabaab, une milice islamiste qui contrôle des pans entiers du pays.
Un grand nombre de soldats éthiopiens ne faisant pas partie de l’ATMIS auraient été déployés dans plusieurs régions du pays depuis des années.
MG/as/fss/te/APA