Le chef de la junte au pouvoir au Burkina-Faso a choisi le Mali pour son premier déplacement à l’étranger.
Le chef de la junte burkinabè, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a rencontré, il y a quatre jours, à Bamako, son homologue malien, le colonel Assimi Goïta. Ce voyage a été effectué au lendemain de la mort de plusieurs dizaines de civils au nord du Burkina Faso après l’attaque de leur convoi et quatre mois après le retrait du Mali du G5 Sahel, une alliance militaire créée en 2014 entre le Tchad, le Niger, le Burkina-Faso, la Mauritanie et le Mali pour lutter contre les groupes terroristes actifs dans la région.
L’enjeu était donc grand pour Ouagadougou qui partage avec Bamako une frontière de plus d’un millier de kilomètres, une zone touchée par de nombreuses attaques meurtrières de groupes djihadistes.
Après avoir envoyé en avril une délégation composée de ses plus proches collaborateurs pour évoquer la coopération militaire, « il était de bon ton de (venir cette fois) rencontrer les autorités » maliennes, a justifié le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Avec son homologue malien, le président de la transition burkinabè a affirmé avoir discuté des moyens de renforcer la coopération opérationnelle entre les forces armées des deux pays contre les groupes terroristes. « Nous entendons, dans les jours à venir, mieux examiner et renforcer le partenariat militaire qui existe entre nous pour davantage relever les défis sécuritaires auxquels les populations, nos peuples sont confrontés », a dit le militaire, arrivé au pouvoir en janvier dernier après le renversement par l’armée du président Roch Marc Christian Kaboré.
Le retour du Mali au G5 Sahel n’a pas été évoqué publiquement même si le Burkina-Faso et le Niger avaient invité Bamako à « revenir assumer ses responsabilités » dans le cadre de cette coopération sous-régionale de lutte contre le djihadisme. « Nous avons passé en revue la situation sous-régionale et nous avons pensé que le Mali est aujourd’hui le grand absent de la coopération dans le domaine de la défense. (…) Il faut qu’on travaille pour que le Mali puisse revenir et assumer ses responsabilités et jouer son rôle », avait plaidé le ministre nigérien de la Défense, Alkassoum Indattou, au sortir d’une audience en août dernier avec le lieutenant-colonel Damiba à Ouagadougou.
Trois mois auparavant, le Mali avait invoqué une « perte d’autonomie » et « une instrumentalisation » du G5 Sahel par une puissance étrangère, en l’occurrence la France avec laquelle les autorités maliennes étaient alors au bord de la rupture, pour acter son retrait de cette organisation militaire régionale dont Paris est le principal parrain international.
Toutefois, des observateurs estiment que Ouagadougou fera tout pour nouer une alliance militaire solide avec Bamako si les négociations pour son retour au G5 Sahel échouent. L’enjeu est de parvenir à unir leurs forces respectives pour combattre les groupes terroristes qui franchissent régulièrement la frontière malienne pour se retrouver au Burkina Faso.
« Pour le président Damiba, il y a désormais la nécessité de créer un cadre bilatéral afin de rendre les opérations de lutte contre le terrorisme plus efficaces. Bamako comme Ouagadougou doivent optimiser leurs actions anti-terroristes et lutter contre un phénomène qui les touche tous deux », a expliqué sur la chaîne TV5 Monde Windata Zongo, membre du Centre africain d’analyses et de recherches diplomatiques et stratégiques.
ODL/cgd/Los/APA