A probablement 48 heures de la fête de la fin du Ramadan ou Aïd El-fitir, les Tchadiens continuent de faire leurs emplettes, poussant les autorités à ouvrir les marchés de nuit qu’elles avaient fermées pendant ces trois dernières années pour des raisons de sécurité.
Toutefois, le principal marché de N’Djaména, la capitale, est surveillé au niveau de toutes ses entrées par les forces de l’ordre qui filtrent les visiteurs. Ainsi, les automobilistes sont systématiquement déviés et seuls les piétons ont le droit d’entrer. « Sécurité oblige », confie un policier.
A l’intérieur du marché, clients et commerçants discutent, parfois âprement, les prix des articles. « Au Tchad, il y a toujours le premier prix et le rabais. On peut te dire qu’une chemise coûte 10 000 F, mais tu finiras par l’acheter à 5 000 F », ironise un usager.
Toutefois, selon plusieurs commerçants interpellés, les affaires ne marchent pas encore. « Beaucoup de clients viennent juste demander les prix des articles et passent sans acheter. Nous voulons aussi profiter de la fête pour faire des affaires mais à cette allure il est difficile d’avoir un peu de bénéfice », affirme Djibrine, propriétaire d’une boutique de prêt-à-porter pour homme et femme.
Malgré les dires des commerçants, les clients, notamment les femmes viennent. Ce, souvent, la nuit. « Je suis venue chercher quelques habits à mes deux filles comme pendant la journée il fait chaud et on s’occupe de la préparation du repas pour la rupture de jeûne à la maison. C’est à tête reposée que je viens choisir des habits pour mes enfants », confie Achta, accompagnée de ses deux filles et de leurs amies.
Le marché des chaussures attitre le plus de visiteurs qui peuvent trouver dans les boutiques des Chinois qui longent l’avenue Maldom Bada Abbas de quoi se chausser en déboursant entre 1000 et 6000 FCFA.
Les tailleurs, peu fréquentés durant une bonne partie du mois de mai, ont subitement été assiégés depuis le payement des salaires. D’où ces explications fournies dans le sourire par le maître-tailleur Baba : « Depuis les dix derniers jours du ramadan, mon atelier et beaucoup d’autres tailleurs refusent de prendre de nouveaux tissus. Nous voulons absolument honorer notre engagement étant donné que beaucoup des Tchadiens fêtent avec des boubous et autres modèles de caftan ».
AHD/cat/APA