Le Tchad a créé une commission de supervision, et tourner ainsi une page de son histoire en mettant fin à l’Accord de coopération militaire qui le liait à la France depuis les années 1960.
Au Tchad, une commission spéciale a été installée pour superviser la mise en œuvre de la rupture de l’Accord de coopération militaire entre le Tchad et la France. Cette décision intervient dans le cadre des efforts visant à renforcer la souveraineté nationale et à réorienter les partenariats stratégiques du pays.
La commission, placée sous l’autorité directe du Premier ministre, Allamaye Halina, a pour mission principale de notifier officiellement les autorités françaises de la fin de l’accord et de préparer un plan détaillé pour mettre en œuvre les obligations prévues dans ce cadre. Elle est présidée par le Ministre d’État, Ministre des Affaires étrangères, et inclut le Ministre des Armées (Vice-président), le Ministre de l’Administration du territoire (Rapporteur) ainsi que plusieurs autres hauts responsables. Les frais de fonctionnement seront couverts par le budget de l’État.
Le Conseil national de transition (CNT), réuni en plénière le 3 décembre, a adopté à une écrasante majorité (137 voix sur 149) une Résolution soutenant cette décision qualifiée d’« historique et souveraine ». Son président, Dr Haroun Kabadi, a exhorté le gouvernement à accélérer l’exécution de cette mesure.
Lors d’un point de presse le 1er décembre, le président Mahamat Idriss Deby Itno a qualifié cette rupture d’« acte mûrement réfléchi et entièrement assumé ». Il a insisté sur la nécessité pour le Tchad de « redéfinir ses partenariats selon ses priorités nationales » tout en respectant les dispositions prévues pour une transition harmonieuse.
La coopération militaire entre le Tchad et la France, remontant aux années 1960, avait été révisée en 2019 mais faisait l’objet de critiques croissantes. Selon le gouvernement tchadien, cette rupture n’altère pas les relations historiques et amicales entre les deux pays, qui souhaitent maintenir des échanges constructifs dans d’autres domaines.
La décision, prise le 28 novembre, coïncide avec une reconfiguration des dispositifs militaires français en Afrique. Bien que Paris a pris acte de cette orientation, la surprise a été manifeste, notamment à l’issue de la visite de Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, au Tchad.
Avec environ un millier de soldats français encore sur son sol, le Tchad amorce ainsi une transition dans un contexte régional marqué par des enjeux sécuritaires cruciaux.
AC/Sf/APA