L’ancien président tchadien est mort ce mardi 24 août 2021 dans un hôpital de Dakar, la capitale du Sénégal.
Hissène Habré était admis aux urgences à l’hôpital Principal de Dakar depuis quelques jours, à cause des complications liées au diabète et à l’hypertension. Son épouse Fatima Raymonde Habré a confirmé, quelques heures avant l’annonce de son décès, sa contamination au coronavirus.
Hissène Habré, 79 ans, a dirigé le Tchad de 1982 à 1990 à la suite du coup d’État perpétré contre Goukouni Oueddei, chef de l’Etat entre 1979 et 1982. Après 8 ans de règne, Habré sera à son tour renversé par son ancien lieutenant et défunt président tchadien Idriss Deby Itno en 1990. Le président déchu, obtient l’asile politique au Sénégal par l’intermédiaire du président camerounais Paul Biya qui demande personnellement à l’ancien président sénégalais Abdou Diouf de l’accueillir, après le refus des chefs d’Etat voisins du Tchad.
Pendant plus de deux décennies, Habré va mener une vie calme et paisible à Ouakam, une zone résidentielle à l’ouest de la capitale sénégalaise. Mais la communauté internationale et les victimes de son régime vont mener une pression intense pour obtenir son procès.
Prison à perpétuité
Au Tchad, l’ex-dictateur est inculpé pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, viols, tortures, exécutions durant son magistère. Une commission d’enquête, après sa chute, parle de quelque 40 000 morts. L’ancien chef de guerre est condamné à mort par contumace dans un premier temps par un tribunal de N’Djaména.
Il sera arrêté en avril 2013 , avant que son procès ne s’ouvre à Dakar le 20 juillet 2015 pour s’achever le 11 février 2016. Après 25 ans de combat judiciaire, Habré est reconnu coupable et condamné à la prison à perpétuité en première instance le 30 mai 2016, par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées en vertu d’un accord entre l’Union africaine (UA) et le Sénégal. Il est reconnu coupable pour « crimes contre l’humanité » par le tribunal spécial. Une première historique en Afrique, car c’est la première fois que les tribunaux d’un État jugent un ancien dirigeant d’un autre État pour des supposées violations des droits humains.
Son recours à la chambre d’assises d’appel présidée par le magistrat malien Wafi Ougadèye est rejeté le 27 avril 2017. Le verdict rendu en première instance est confirmé pour l’ex-dictateur qui purgeait alors sa peine à la prison du Cap Manuel de Dakar. En plus de cette condamnation à perpétuité, Hissène Habré devait allouer 20 millions de francs CFA à chacune des 8600 victimes de son régime.
ARD/cgd/APA