Le bureau provisoire de l’Assemblée nationale a voté, ce mercredi, la motion de censure contre le Premier ministre.
La crise politique prend une nouvelle tournure en RDC où le Premier ministre vient d’être éjecté de son siège. En effet, la motion de censure a été adoptée avec 367 voix pour sur 377 votants. Il y a également eu sept voix contre, deux abstentions et un bulletin nul.
Pour rappel, 301 députés sur les 500 que compte l’hémicycle avaient déjà signé la motion de censure. Ces parlementaires estiment que le gouvernement, dirigé par le Pm pro-Kabila, a échoué à exécuter son programme.
Cette destitution intervient un mois et demi après la chute de Jeanine Mabunda, proche de Joseph Kabila, qui dirigeait le bureau de l’Assemblée nationale.
C’est Chérubin Okende, un député du parti de Moïse Katumbi, nouvel allié de Félix Tshisekedi, qui avait porté la motion de censure. « Le pays va très mal. Il n’y a que le chef du gouvernement qui engage la politique de l’exécutif devant l’Assemblée nationale et qui peut en répondre. Le premier conseil que nous avons prodigué au Premier ministre c’est de prendre de la hauteur et de démissionner. Il a refusé », avait-il expliqué.
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Sylvestre Ilunga Ilunkamba était d’ailleurs invité à la séance plénière de l’Assemblée nationale. Mais il ne s’est pas présenté devant les parlementaires. L’acte posé par certains députés est jugé « illégal » puisque la mission principale du Bureau d’âge étant la mise en place d’un bureau définitif.
Dans une lettre de onze pages, le Pm a asséné ses vérités : « En vertu du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale et à la lumière des arrêts récents rendus par la Cour constitutionnelle, le champ des compétences du Bureau d’âge ne peut aucunement excéder le cadre de gestion des affaires courantes de l’Assemblée nationale ».
Poursuivant, M. Ilunkamba a affirmé que « le Bureau d’âge est tenu d’organiser, dans les plus brefs délais, le scrutin pour l’élection du Bureau définitif, seul doté des pouvoirs de plein exercice pour diligenter la procédure et instrumenter les actes afférents à toute motion de censure. Dans ces circonstances, je me tiens à la disposition du Bureau définitif ».
Selon l’article 147 de la Constitution congolaise, Sylvestre Ilunga a maintenant 24 heures pour démissionner de son poste. Dans les rangs du Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, on estime qu’un forcing des proches de Tshisekedi peut amplifier la crise politique et faire glisser le pays vers l’ébranlement de l’ordre constitutionnel.
Investi président de la République le 24 janvier 2019, Félix Tshisekedi était contraint à partager le pouvoir avec son prédécesseur. Le fils de Laurent-Désiré Kabila contrôlait le parlement au sortir des élections législatives.
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Mais des divergences politiques vont vite apparaître entre les deux mastodontes, poussant le président Tshisekedi à suspendre, en octobre dernier, les réunions du Conseil des ministres. Et d’annoncer deux mois plus tard la fin de la coalition avec Kabila.
Renforcé dans cette crise politique par le ralliement de plusieurs députés pro-Kabila et des ténors de l’opposition comme Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, Félix Tshisekedi parachève son combat par la destitution du Premier ministre, Sylvestre Ilunga.
CD/id/te/APA