La maladie reste une menace importante pour la santé publique en Afrique, alerte l’OMS.
En Afrique, plus de 91 millions de personnes vivent avec les hépatites B ou C, qui sont les souches les plus mortelles du virus, selon un bulletin de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié ce mercredi 27 juillet 2022.
Ce document, qui évalue l’hépatite virale 2021, examine les données de la région africaine. Il se concentre sur les hépatites B et C, qui provoquent toutes deux une cirrhose du foie et un cancer.
Il révèle que dans 19 pays africains, plus de 8% de la population est infectée par l’hépatite B, tandis que dans 18 autres, plus de 1 % de la population vit avec l’hépatite C.
En 2020, l’Afrique qui représentait 26% de la charge mondiale liée aux hépatites B et C avait enregistré 125.000 décès dus à la maladie.
Environ 70% des infections par l’hépatite B dans le monde se produisent en Afrique. L’individu peut vivre des décennies avec le virus avant qu’il ne commence à manifester des symptômes. Ainsi, ce qui est particulièrement inquiétant pour l’avenir, c’est que le continent africain représente 70% des cas mondiaux d’hépatite B trouvés chez les enfants de moins de 5 ans, avec 4,5 millions d’enfants infectés.
Toutefois, 33 pays ont une prévalence de l’hépatite B supérieure à 1% chez les enfants de moins de 5 ans, ce qui représente une légère amélioration par rapport aux 40 pays de 2019.
« L’hépatite a été qualifiée d’épidémie silencieuse, mais ce bilan tire la sonnette d’alarme pour que la région et le monde entier l’entendent », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Elle a ajouté : « Nous devons faire mieux et empêcher cette maladie de voler l’avenir de nos enfants. Il existe un vaccin sûr et efficace qui offre une protection de près de 100 % contre l’hépatite B, l’une des souches les plus mortelles du virus. Nous devons nous assurer que tous les enfants africains sont vaccinés dans les 24 heures suivant leur naissance et qu’ils ont reçu après deux doses de vaccin ou plus ».
L’OMS révèle que la couverture de la vaccination systématique des enfants contre l’hépatite B est de 72% dans la région africaine, ce qui est bien inférieur à l’objectif mondial de 90% nécessaire pour que le virus ne soit plus une menace pour la santé publique.
Le nombre de pays ayant une couverture supérieure à 90% a augmenté, passant de 23 en 2019 à 27 en 2021. En outre, bien que le vaccin à la naissance ne soit administré que dans 14 pays africains, pour une couverture globale de 10 %, il s’agit d’une augmentation par rapport aux 11 pays de 2019.
L’hépatite peut être transmise par des produits sanguins contaminés, et des progrès bien plus importants sont nécessaires pour garantir la sécurité du sang.
Or, en Afrique, seuls 80% des dons de sang font l’objet d’un dépistage avec assurance qualité, tandis que 5% des seringues sont réutilisées. Seules six seringues sont distribuées à chaque consommateur de drogues injectables, alors que l’objectif mondial annuel est de 200.
Les taux de diagnostic et de traitement sont alarmants. En 2021, on estime que seulement 2 % des personnes infectées par l’hépatite B ont été diagnostiquées, et que seulement 0,1 % ont été traitées. Pour l’hépatite C, on estime que 5% des personnes infectées ont été diagnostiquées, mais qu’aucune parmi elles n’a été traitée.
« Pour inverser la tendance, les services liés à l’hépatite doivent quitter les cliniques spécialisées pour se déplacer vers des établissements décentralisés et intégrés, où la plupart des Africains se font encore soigner. Il faut former davantage d’agents de soins de santé primaires au diagnostic et au traitement du virus », a poursuivi Dr Moeti.
En 2021, l’OMS a établi un Cadre 2021-2030 pour une réponse multisectorielle intégrée à la tuberculose, au VIH, aux infections sexuellement transmissibles et à l’hépatite dans la région africaine. L’objectif est de soutenir les étapes importantes que sont l’introduction du vaccin contre l’hépatite B à la naissance dans 35 États membres, le diagnostic d’au moins 30% des personnes atteintes d’une hépatite chronique et la réalisation de 30% des personnes atteintes d’hépatite B et C sous traitement.
WN/as/lb/te/APA