Kinshasa et Brazzaville ont signé, vendredi dans la capitale de la RD Congo, un protocole d’accord de lutte anti-braconnage dans le paysage binational lac Télé-Lac Tumba (BILTLT), zone frontalière entre la République démocratique du Congo et la République du Congo, dans le cadre du projet « Catalysation de la gestion durable des forêts sur le site des zones humides et transfrontalières des lac Télé et Tumba » également appelé « Projet Lac Télé-Lac Tumba ».
Ce protocole d’accord a été signé, côté Kinshasa, par le ministre de l’Environnement et du développement durable, Samy Ambatobe, et par son homologue de l’Economie forestière de la République du Congo, Rosalie Matondo, en présence notamment du directeur général de l’Institut congolais (RD Congo) pour la conservation de la nature (ICCN), Cosmas Wilungula, et du coordonnateur de ce projet Fréderic Lambert Paco Bockanoza.
Dans son mot de circonstance, le représentant ad intérim du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en RD Congo, Laurent Rudasingwa a indiqué que « ce Projet Lac Télé-Lac Tumba est d’abord un instrument de renforcement de la coopération sous régionale, notamment au niveau de la Commission des ministres responsables des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), mais aussi un puissant moyen par lequel les deux pays, avec l’appui du PNUD, pourraient contribuer à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) ».
Il a rappelé que le paysage binational lac Télé-Lac Tumba prend de plus en plus de l’importance avec l’existence du gisement des tourbières, l’un des plus importants au monde qui amplifie l’intérêt de la communauté internationale pour cette zone écologique très particulière.
La bonne conclusion du projet lac Télé-lac Tumba sera un signal fort envoyé aux bailleurs dans l’optique des financements futurs de projets environnementaux et de lutte contre les changements climatiques dans la sous-région, a encore estimé le représentant du PNUD.
Auparavant, la ministre Rosalie Matondo de l’Economie forestière de la République du Congo avait souligné le caractère historique de cet accord, avant d’estimer que la signature du protocole d’accord de lutte anti-braconnage par les deux pays va susciter un intérêt considérable auprès de leurs partenaires techniques et financiers respectifs.
L’enjeu de la mise en œuvre de cet accord réside cependant dans la capacité des gouvernements de deux pays à mettre en place un plan stratégique de lutte anti-braconnage, en réponse à des menaces diverses, notamment la destruction de l’habitat naturel de la faune à la suite de l’exploitation forestière, des activités de subsistance non durables, de la chasse et de la pêche qui prennent des proportions inquiétantes du fait de leur connotation commerciale.
A cet effet, ce protocole d’accord est appelé à faciliter les efforts de conservation transfrontalière, a-t-elle encore déclaré.
On rappelle que les gouvernements de deux Congo ont mis en place depuis 2015 le projet « Lac Télé Lac Tumba » visant à assurer la conservation de la zone hydro forestière transfrontalière du Lac Télé en RC et du Lac Tumba en RDC.
La zone frontalière « Télé-Tumba » est située dans les districts d’Epéna en République du Congo et Mbandaka en République Démocratique du Congo.
Le paysage Lac Télé/Lac Tumba est la plus grande forêt humide et la deuxième zone humide du monde. Il couvre 126.440 km², à cheval sur la République du Congo (RC, 54.001 km²) et la République Démocratique du Congo (RDC, 72.439 km²). Environ 70% de la zone est composée de forêts et d’herbages humides, inondés de manière saisonnière, le reste étant de la terre ferme et de la savane.
Ce paysage joue un rôle essentiel dans le climat et l’hydrologie du bassin du Congo, ainsi que dans la gestion des points d’eau aussi bien en Afrique que dans le monde. Ce paysage est d’autant plus exceptionnel qu’il abrite de grandes densités des trois grands primates d’Afrique (gorilles, chimpanzés et bonobos).
Les autres espèces présentes dans ce paysage sont les éléphants de forêt, les hippopotames, 16 espèces de singes diurnes et 7 espèces de duikers. Plus de 350 espèces d’oiseaux ont été observées, notamment des populations importantes d’oiseaux aquatiques. On y trouve également des crocodiles du Nil, des crocodiles à nuque cuirassée et des crocodiles à front large.
La diversité halieutique est impressionnante avec plus de 80 espèces répertoriées dans la partie située en RDC et 50 en RC. La diversité faunique halieutique est non seulement un indicateur de la biodiversité, mais la base des moyens de subsistance de la plupart des communautés.
MYW/te/APA