Le pont de Ngueli qui relie N’Djaména, la capitale du Tchad, à Kousseri, ville de l’extrême-nord du Cameroun, est emprunté chaque jour par des centaines de populations des deux pays, désireuses de se livrer au commerce ou d’acheter des produits qu’elles ne trouvent pas chez elles.
Le va-et-vient des populations de part et d’autre du pont donne à l’infrastructure l’allure d’une fourmilière où on s’interpelle, échange des politesses et salamalecs, avant de se lancer dans d’interminables marchandages de produits de consommation et de biens d’équipement.
En se rendant au pont, à partir de N’Djaména, on est frappé d’abord par une file de gros porteurs chargés de marchandises et attendant leur tour de passage. Installés aux abords du pont, des marchands à la sauvette hèlent les passants.
Le drapeau bleu-jaune-rouge du Tchad flotte à l’entrée du pont lequel est divisé en deux parties : l’une pour les piétons et l’autre pour les véhicules. Le flot de ces usagers est incessant. Parallèlement au ballet des voitures, les personnes circulent sans bagage ou un panier à la main. D’autres se hâtent derrière le conducteur d’un pouce-pouce convoyant leurs marchandises.
Des fouilles systématiques sont opérées sur tout emballage, gros ou petit. Les piétons passent sans aucune difficulté, généralement sur simple présentation d’une pièce d’identité.
Toutefois, depuis les exactions de Boko Haram dans les deux pays, les motocyclistes ne traversent plus. « Il faut obligatoirement garer sa moto dans un parking du côté tchadien avant d’aller à Kousseri », explique un agent de sécurité.
Une fois à Kousseri, les commerçants tchadiens s’approvisionnent en marchandises, auprès de certains grossistes comme Alhadj Moustapha.
« Il y a des commerçants vivant à Kousseri qui viennent liquider leurs marchandises à N’Djaména et des Tchadiens qui viennent acheter par exemple des fruits (banane, avocat) des arachides, des cartons de savon, entre autres, moins chers à Kousseri pour les revendre chez eux », souligne-t-il.
Dame Djanabou, une Camerounaise spécialisée dans le commerce des pagnes, va chercher sa marchandise en Afrique de l’Ouest avant de la vendre à Kousseri et N’Djaména. « Pour avoir beaucoup plus de clients, il faut absolument envoyer une partie des marchandises à N’Djaména », explique-t-elle.
« N’Djaména et Kousseri, c’est comme des faux jumeaux. Les commerçants et la population de deux côtés trouvent leur compte dans cette proximité », jubile Ali Mbodou, un Tchadien vendeur de bananes.
Les fruits venant du Cameroun via Kousseri, permettent à beaucoup des jeunes filles et à des femmes d’âge mûr de faire du petit commerce au pont de Ngueli et le long de certaines rues de la capitale tchadienne.
Les agents de sécurité du Cameroun et du Tchad tirent profit de ce commerce tous azimuts en procédant à des contrôles inopinées durant lesquelles ils mettent à l’amende les personnes dénuées de pièces d’identité ou les commerçants cherchant à faire passer frauduleusement des marchandises soumises à des frais de douane.
AHD/cat/APA