Le Tchad rapatrie 600 de ses 1200 soldats positionnés dans la « zone des trois frontières » entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
N’Djaména justifie cette décision annoncée samedi, par un « redéploiement stratégique » pour mieux s’adapter à l’organisation des groupes terroristes. Toutefois, la concomitance de cette décision avec l’attaque meurtrière survenue le même jour au Niger, causant une dizaine de morts chez des civils, peut surprendre. En l’espace d’une semaine, la bande des trois frontières a subi deux attaques sanglantes qui ont fait une cinquantaine de morts.
Face à l’insécurité qui y régnait, 1200 soldats tchadiens occupaient le terrain depuis février dans le cadre de la force antijihadiste du G5 Sahel. Une mesure qui avait pour but d’endiguer les nombreuses attaques terroristes perpétrées par des groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l’Etat Islamique du Grand Sahara (EIGS).
Selon Abderaman Koulamallah, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement tchadien, son pays avait un « surplus » de soldats dans le dispositif des bataillons sur place. Il a souligné que cette décision a été prise en accord avec le commandement du G5 Sahel. « Par rapport à la situation sur le terrain, il faut avoir une force mobile d’où le retrait de certaines de nos forces avec les armes lourdes », a indiqué le porte-parole du gouvernement.
La menace Boko Haram et FACT
Cependant, cette décision du Tchad, peut aussi trouver son fondement sur les menaces sécuritaires qui pèsent sur le pays. La récente attaque de Boko Haram dans la région du Lac Tchad a déjà causé la mort de 26 militaires tchadiens.
Cet État d’Afrique centrale, sans accès à la mer, doit en plus faire face aux attaques incessantes du Front de l’Alternance et de la Concorde (FACT) à partir du front nord de la Libye. C’est d’ailleurs lors des violents combats contre cette rébellion du FACT, que le président tchadien Idriss Deby Itno, fraîchement réélu pour un sixième mandat à la présidentielle, avait succombé de ses blessures, le 20 avril dernier.
Face à ces menaces, le cinquième pays le plus vaste du continent entend renforcer sa sécurité intérieure, surtout à l’approche de la Conférence nationale inclusive de décembre prochain. Une rencontre qui doit impliquer tous les mouvements politico-militaires tchadiens basés en Libye, au Soudan et dans les zones frontalières. La junte dirigée par Mahamat Idriss Deby, fils du défunt président, a appelé le 10 août dernier, ces « groupes armés » tchadiens à un « dialogue national inclusif » afin de créer une « impulsion collective et une dynamique de l’unité nationale et du vivre-ensemble ».
CD/APA