L’actualité politique est en vedette dans les journaux camerounais parus lundi, avec en filigrane des sujets liés à la bonne gouvernance et à la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football égyptienne, avec le lendemain l’entrée en compétition des tenants du titre locaux sur fond de grogne des joueurs.
Le fait est suffisamment important pour retenir l’attention de Le Messager, Le Jour et leur confrère à capitaux publics Cameroon Tribune : le couple présidentiel a quitté la veille la capitale, Yaoundé, pour un court séjour privé en Europe.
La curiosité, explique la première publication citée, veut que Paul Biya et son épouse, contrairement à leurs habitudes, n’aient pas quitté le pays depuis le 15 septembre 2018. Des déplacements privés, à l’étranger, qui coûtent des fortunes au contribuable.
C’est que le contexte des mécontentements divers, explique Le Jour, semble devenu si dangereux que le chef de l’État, partout où il se rend désormais, s’expose à la colère de ses compatriotes résidant à l’étranger où il est désormais attendu de pied ferme par des hordes d’opposants hurlant leur colère contre la mal-gouvernance au Cameroun.
Toujours est-il, renchérit Repères, que Paul Biya laisse derrière lui un pays déchiré par la crise sécessionniste anglophone, au sujet de laquelle le pouvoir se dit prêt à organiser un dialogue inclusif pour résoudre le conflit avec les séparatistes, une option pacifique plus que jamais impérative et qu’avaient déjà formulée la classe politique nationale et les organisations internationales au rang desquelles l’Union africaine, l’Union européenne et l’ONU.
Le gouvernement semble lui-même embarrassé quant à la tenue de ce dialogue, constate Défis Actuels : déjà, en son sein, les divergences d’opinions ont été relevées publiquement. «Le dialogue tant annoncé reste une difficile équation, et certains observateurs soupçonnent déjà une filouterie du gouvernement.»
Le Cameroun est décidément le pays des incendies, soupire The Sun, revenant sur la série de sinistres survenus ces dernières années à l’Assemblée nationale, dans plusieurs départements ministériels, les hôpitaux, à l’École militaire interarmées et, voici quelques jours, à la Société nationale de raffinage (Sonara).
Les têtes commencent d’ailleurs à tomber autour de ce sinistre, affirme The Guardian Post, indiquant, au même titre le bihebdomadaire sus-évoqué, que cinq hauts cadres de l’entreprise publique, en charge de sa protection, sont actuellement derrière les barreaux pour, selon des sources judiciaires, n’avoir pas payé les polices d’assurance-incendie de cette unité.
C’est le temps de la justice, éclaire L’Anecdote : ce n’est que cinq jours, après l’incendie, que l’argent a été viré dans les comptes des assureurs de la Sonara, qui de ce fait ne peuvent pas assumer les dépenses liées aux paiements de ce sinistre.
Les managers de sociétés publiques, devant la justice ou pas, ont du mouron à se faire, réplique L’Essentiel qui revient sur la récente série de textes du chef de l’État indexant, désormais, la rémunération, les indemnités et autres avantages des dirigeants et de leurs adjoints sur le chiffre d’affaires. Il s’agit, salue le tri-hebdomadaire, d’une mesure d’incitation à plusieurs égards en termes d’obligation de résultats, de fin des comportements ayant pour conséquences de plomber les performances, de recherche de l’efficacité et de l’efficience, mais aussi d’un souci de régulation avec un fort impact de transparence.
La gouvernance est, appuie Le Quotidien de l’Économie, au cœur de la réforme présidentielle sur les sociétés publiques.
Passant de la gouvernance au football, L’Essentiel, sous le titre «Lions indomptables : maudites primes», se penche sur la grogne qui secoue actuellement la sélection, championne d’Afrique en titre et qui rentre dans la Can égyptienne mardi contre la Guinée-Bissau.
«Quelle image !» s’exclame Cameroon Tribune : avant leur départ du Cameroun, une énième polémique a enflé dans la tanière autour du montant remis aux joueurs, soit 20 millions pour chacun représentant la moitié de ce qu’ils attendaient.
L’opacité entretenue sur les retombées contractuelles avec les partenaires, la non prise en charge des joueurs lors du stage de préparation et la violation des textes consacrés sont, entres autres, les faits reprochés à la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et au ministère des Sports, analyse Mutations.
Primes payées au lance-pierres, acclimatation mal réussie, sélection à la merci d’une petite nébuleuse interne sont, énumère Intégration, les multiples dilatoires entourant la bande au coach néerlandais Clarence Seedorf pourtant appelée à défendre les couleurs nationales.
«Une fois encore, une fois de trop, les énormes rentrées financières de l’instance fédérale sont noyées dans l’opacité de la mal-gouvernance. Pendant ce temps, l’image du Cameroun est à chaque fois traînée dans la boue par ceux-là mêmes censés la protéger», s’insurge Aurore Plus.
C’est le match de la surenchère et du chantage, tranche pour sa part L’Anecdote, évoquant des revendications fantaisistes et capricieuses des joueurs, au moment où le pays vit des secousses politiques et sécuritaires qui ébranlent ses fondements.
FCEB/cat/APA