Les maladies non transmissibles (MNT) constituent un réel problème de santé publique en Afrique, a déclaré à APA le responsable du pôle Afrique de l’Ouest et du Centre du programme Novartis Social Business, le Dr Parfait Touré.
Interrogé en marge de la 5ème conférence internationale des parties prenantes, tenue le 20 mars dernier dans la capitale ougandaise, Kampala, il a regretté qu’il n’y ait pas de données fiables desdites pathologies dans les pays d’Afrique subsaharienne, situant néanmoins, globalement, entre 20 et 30% de la population adulte souffrant d’hypertension artérielle, entre 4 et 6% pour le diabète sans compter que, presque dans chaque famille, il y a au moins une personne qui a déjà été touchée par le cancer.
Organisée par le laboratoire pharmaceutique suisse Novartis, la rencontre de Kampala, qui réunissait plus d’une centaine de participants venant d’horizons divers tels que la santé publique mondiale, les industries de la santé, les technologies numériques, la finance, les organisations non gouvernementales et les médias, portait sur l’amélioration du traitement et les soins des personnes atteintes de MNT en tant qu’étape clé vers la couverture sanitaire universelle en Afrique.
Selon le Dr Parfait Touré, dans la zone ouest et centre du continent où le programme Novartis Social Business (NSB) est implémenté depuis 2016, avec le Cameroun comme pionnier grâce à un accord de partenariat avec le ministère de la Santé publique, c’est aujourd’hui plus de 250.000 personnes qui sont touchées par le concept en faveur des populations les plus pauvres, avec un peu plus de la moitié ayant bénéficié des traitements proposés.
Proposant un coût d’environ 550 FCFA par mois, par traitement et par patient, NSB porte sur un total de 15 médicaments génériques, utilisés dans le traitement de certaines maladies cardiovasculaires, de l’hypertension artérielle, du diabète de type 2, certaines maladies respiratoires ainsi que le cancer du sein.
Pour Novartis, il s’agit d’un modèle centré sur le patient plutôt que sur les vertus thérapeutiques, visant à aider au mieux les systèmes de santé surchargés et disposant de peu de ressources, comme c’est généralement le cas dans les pays à faibles revenus, afin de gérer le double fardeau des maladies infectieuses et des maladies non transmissibles.
Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les MNT sont par exemple à l’origine de 31% des décès enregistrés annuellement au Cameroun, et les individus âgés entre 30 ans et 70 ans courent 20% de risques de mourir de l’une de ces maladies dans le pays.
Au sujet de l’accueil reçu par cette offre auprès des États actuellement sous-programme que sont le Cameroun, l’Éthiopie, le Kenya, l’Ouganda, le Pakistan et le Rwanda, le Dr Parfait Touré constate qu’«il y a un impact fort avec, désormais, le Nigeria qui emboîte le pas et où le programme espère toucher au moins 5 millions de personnes, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Ghana ayant également montré un vif intérêt».
S’agissant des écueils, la première des problématiques, selon le praticien, est que la santé n’est pas toujours perçue comme un élément nécessitant de vrais investissements, toute chose qui limite les opportunités de partenariats.
«Nous travaillons aujourd’hui à mettre en place des bases avec les autorités, les partenaires clés dans le respect des règlementations dans les différents pays visés, afin que les programmes soient pérennes pour le bien des populations.»
Si le laboratoire pharmaceutique suisse met en avant sa tendance vers l’humanitaire, cela signifie-t-il qu’il n’existe aucun intérêt financier derrière NSB ? a demandé APA à Parfait Touré : «Le slogan de Novartis c’est : ‘’Gagner pour les patients’’, cela veut dire que le maximum de personnes doivent pouvoir bénéficier des traitements dans les meilleures conditions.»
Sur le plan financier, a-t-il ajouté, ce que Novartis gagne aujourd’hui est réinvesti pour améliorer la prise en charge et toucher le maximum de malades : «C’est parfois difficile à comprendre, mais notre business consiste d’abord à améliorer la condition sanitaire des populations. C’est notre premier bénéfice.»
FCEB/cd/APA