A quelques rares exceptions, les journaux camerounais parus mercredi, qu’il s’agisse de la société, de la politique ou de l’économie, dressent un réquisitoire implacable contre le gouvernement dans la marche du pays.
Voici le président Paul Biya, photo pleine page en couverture du quotidien à capitaux privés Le Messager, la mine effondrée, les yeux clos, la main gauche soutenant une tête visiblement sur le point d’exploser. Sous le titre «Vivre ensemble : le malheur du silence», la publication fait le tour des dernières crises multiformes, qui viennent se briser sur le silence assourdissant du régime et font, un peu plus chaque jour, «le lit de l’effritement de la confiance entre le pouvoir et le peuple».
Le cas d’espèce, pris comme travaux pratiques pour évaluer le niveau du sinistre actuel, est la violente crise politico-identitaire que traverse le Cameroun depuis presque trois ans, acquiesce Mutations : «Entre-temps le navire aux bois charançonnés par les divisions et fissurés par les récifs de la violence, prend de l’eau de tous les côtés. Et l’ordre gouvernant, orchestre insouciant de notre ‘‘Titanic national’’, continue de jouer, comme dans le meilleur des mondes, la symphonie apocalyptique de notre descente aux enfers.»
Autre exemple pris, tout à fait au hasard par le bihebdomadaire Repères, c’est le «bluff à… 235 milliards FCfa» de la junior américano-canadienne Geovic, «une nébuleuse» détentrice d’un permis d’exploitation de cobalt/nickel/manganèse depuis 2003 à l’Est du pays, mais qui n’a jamais développé le projet et veut, aujourd’hui, entretenir l’espoir avec l’annonce d’une mise en route imminente, question d’empêcher le retrait dudit permis.
Le Soir, qui effectue une plongée dans l’univers carcéral, est lui aussi impitoyable vis-à-vis du pouvoir, accusé d’entretenir la surpopulation dans les prisons ainsi que les lenteurs judiciaires, à l’origine des récentes mutineries de détenus dans deux maisons d’arrêt. Et dans ces pénitenciers aussi, la torture semble voguer à contre-courant de l’héritage républicain, enfonce The Guardian Post.
En 2017, précise Intégration, le Cameroun comptait 27.997 détenus pour 17.000 places officielles. Il y a en effet péril sur la gouvernance de la justice, rétorque Diapason, la mutinerie du 22 juillet à la prison centrale de Yaoundé, la capitale où des détenus ont pris possession des lieux pendant plusieurs heures, étant là pour rappeler la surpopulation carcérale, les lenteurs judiciaires ainsi que les conditions de détention.
Il souffle un vent mauvais, dans le sérail depuis les mutineries des 22 et 23 juillet dans les prisons de Yaoundé et Buea (Sud-Ouest), respectivement, confirme InfoMatin. Une atmosphère de cynisme, par médias interposés, semble s’être installée, marquée par des règlements de comptes et des mains criminelles laissant fuiter des correspondances sensibles au cœur du pouvoir.
Et dans tout ça, s’emporte Le Quotidien de l’Économie, relayant des données de l’Agence d’électrification rurale (AER), 100.000 localités du territoire se trouvent privées d’électricité depuis l’indépendance, en 1960, un déficit d’énergie dont la résorption relève de la gageure.
Il y a de l’espoir dans l’air, semble répondre en écho le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, qui consacre un dossier à l’effervescence sur le fleuve Sanaga, le plus important et qui représente la moitié du potentiel hydroélectrique du pays : il est aujourd’hui au cœur de deux ambitieux projets non seulement d’adduction d’eau potable, mais également de production d’électricité pour un potentiel de 12.000 mégawatts.
FCEB/cat/APA