Les journaux camerounais parus mardi traduisent, à leur manière, les malaises culturels, judiciaires et politiques qui secouent actuellement le pays.
Présenté en grande pompe en fin de semaine dernière au public par le gouvernement, la mascotte du prochain Championnat d’Afrique des nations (CHAN) de football, qu’accueille le pays l’année prochaine, sème la discorde au sein de l’opinion. Le Messager, qui se fait l’écho de ce malaise, présente «Tara» sous les traits d’«une momie», tant la laideur de ce lion sous le physique d’un humain a tout pour repousser le public.
«Une mascotte est un porte-bonheur. C’est un objet chargé émotionnellement, voire spirituellement, qui vous accompagne dans une entreprise conquérante », explique, dans les colonnes de Mutations, le critique et chroniqueur culturel Joseph Owona Ntsama. Pour lui, les référents auxquels cette mascotte renvoie s’inscrivent foncièrement en faux avec la prestance, la majesté et cette force tranquille que dégage cet animal redoutable même au repos.
Et voici qu’on reparle du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), cette formation d’opposition qui semble donner des insomnies au pouvoir de Yaoundé. Cette fois, rapporte Le Jour, c’est le sous-préfet de la localité de Nkongsamba (Littoral) qui vient de déposer une plainte contre ses militants, accusés de troubles à l’ordre public. Un des responsables locaux du parti, cité par la publication, évoque un harcèlement permanent.
Toujours au chapitre de l’insolite, Kalara, «l’hebdomadaire du monde juridico-judiciaire», révèle que des greffiers décédés, ou démissionnaires, ont été promus en grade à la faveur des derniers arrêtés du ministre de la Justice (Minjustice) portant avancements d’échelon. La faute, dénonce leur syndicat, à une série de dysfonctionnements qui soulèvent l’émoi dans les milieux judiciaires.
Décidément sur la sellette, le ministère de la Justice se retrouve aussi au cœur de ce que Le Messager qualifie de «guerre des nerfs entre Yaoundé et Washington» : des critiques acerbes des États-Unis, en particulier et de la communauté internationale, en général, au sujet de la situation des droits de l’homme dans le pays. Il se passe, explique le quotidien à capitaux privés, que le rapport publié sur le sujet par ce département, est également qualifié de biaisé par la société civile locale.
Mais, comme si de rien n’était, le patron de la Justice, Laurent Esso cité par InfoMatin, vient d’engager les chefs de cours d’appel et délégués régionaux de l’administration pénitentiaire à débattre de la meilleure manière possible dont doivent intervenir les services judiciaires impliqués dans le processus du scrutin législatif et municipal du 9 février 2020.
En dehors du double scrutin à venir, complète le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, le Minjustice vient également d’engager la croisade contre les lenteurs judiciaires, en grande partie à l’origine de la surpopulation carcérale.
Dans le champ de la politique proprement dite, l’hebdomadaire satirique Le Popoli n’est toujours pas sorti de la polémique autour du projet de loi portant Code général des collectivités territoriales décentralisées (CTD), actuellement en étude au Parlement. En couverture, il représente le président Paul Biya, se faisant lire par un collaborateur la réaction musclée du Front social démocratique (SDF, opposition) par rapport au statut spécial projeté pour les régions anglophones et qui, excédé, rétorque en empruntant à une parabole : «C’est cette ‘’malbouche’’ qui a vidé la décentralisation de son contenu… Trop de critiques percent le tonneau !
Pendant ce temps, mentionne en grande manchette The Guardian Post, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (Cndhl) monte au créneau pour presser le gouvernement de mettre en œuvre les résolutions du Grand dialogue national (GDN), tenu du 30 septembre au 4 octobre dans la capitale, Yaoundé, avec en ligne de mire la résolution de la crise sécessionniste anglophone.
FCEB/te/APA