Avant même d’avoir débuté, le Grand dialogue national, prévu du 30 septembre au 4 octobre sur la crise sécessionniste anglophone, pose déjà des écueils que relèvent les journaux camerounais parus mercredi.
C’est ainsi qu’InfoMatin, sous le titre «Grand dialogue national : le vrai-faux pardon du général de la BAS à Paul Biya», révèle que le «général El Chenou», présenté comme le leader de la fameuse «Brigade anti-sardinards», constituée d’opposants de la diaspora farouches au régime de Yaoundé et accusée de saccages, en janvier dernier, des ambassades du Cameroun à Berne et Paris, après moult tergiversations, a s’est excusé des outrages au chef de l’État et décidé à participer à cette grande palabre.
Sauf que, s’empresse d’ajouter le quotidien à capitaux privés, il s’agit en réalité de la première étape d’une savante entourloupe de la nébuleuse nommée, qui aurait ainsi opté de venir perturber les travaux en salle, créer des incidents et semer le chaos. «Mais, pour y arriver, il faut préalablement être convié. C’est donc la recherche d’un carton d’invitation, et aussi la promesse d’impunité – que cela confère, de facto – qui expliquerait l’attitude subitement docile du général de la BAS.»
Comme pour confirmer cette capacité de nuisance toujours intacte, Le Messager explique, fort à propos, pourquoi Paul Biya a préféré pointer aux abonnés absents à l’Assemblée générale des Nations Unies, qui se tient actuellement à New York : les menaces de perturbation de son séjour aux États-Unis par la BAS, dont le premier acte s’est déroulé le 29 juin à l’hôtel Intercontinental de Genève (Suisse) où le couple présidentiel camerounais fut mouvementé, les activistes ayant juré de ne plus jamais leur donner le moindre répit à l’extérieur.
Et il trône en couverture de Le Jour, le «général El Chenou», pour expliquer le revirement de son organisation, s’excuser d’avoir organisé les casses contre les ambassades de son pays, évoquer l’impérieuse nécessité d’un retour à la paix et la réconciliation.
Il y a comme un «avis d’éclipse sur la crise anglophone», soupire Mutations, constatant qu’inscrite comme sujet principal des pourparlers qui s’ouvrent lundi, la question du Nord-Ouest et du Sud-Ouest risque d’être diluée dans le tout-venant de revendications déversées par les autres composantes sociopolitiques et culturelles du Cameroun.
«Nous faisons une première observation à laquelle nous nous étions attendus : les membres du Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir), qui ont nié l’existence d’un problème anglophone, qui n’ont jamais encouragé le dialogue, qui ont dit que c’est la violence qui doit primer, sont aujourd’hui des convertis», déplore, dans les colonnes de ce journal, le journaliste Élie Smith, par ailleurs coordonnateur de la Conférence générale anglophone que des leaders religieux projettent d’organiser depuis une année.
Autre activiste de la question anglophone, l’avocat Felix Agbor Balla Nkongho, arrêté, traduit devant le tribunal militaire pour hostilité contre le gouvernement, sécession, guerre civile, propagation de fausses informations, résistance collective et incitation à prendre les armes et dont les charges et les poursuites furent abandonnées sur décision du chef de l’État, s’exprime dans les colonnes du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune.
Reçu la veille en consultation par le Premier ministre Joseph Dion Ngute, il affirme avoir reçu l’assurance que la communauté anglophone aura au moins 200 délégués, sur les 300 attendus au Grand dialogue national, avec «la garantie qu’ils ne seront pas arrêtés et incarcérés».
FCEB/cat/APA