L’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé, dans un rapport publié jeudi, le régime camerounais d’un «manque quasi-total de poursuites en justice lancées par le gouvernement pour les crimes commis par les forces de sécurité dans les régions anglophones», ayant permis de protéger les responsables desdits actes et alimenté les exactions.
Et d’inviter le gouvernement à enquêter sur les allégations d’atteintes aux droits humains par les forces de défense et de sécurité, et à garantir la protection des civils lors des opérations de sécurité, en même temps que les chefs séparatistes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest devraient immédiatement ordonner à leurs combattants et à leurs sympathisants de mettre fin à toutes les atteintes aux droits humains, et de cesser d’entraver la scolarité des enfants.
Depuis octobre 2018, le rapport situe à au moins 170 le nombre de civils tués lors de plus de 220 incidents s’étant produits dans lesdites régions, ce chiffre étant «probablement plus élevé» en même temps que les soldats, dont 31 ont par ailleurs été tués lors d’opérations entre octobre 2018 et février suivant, ont recouru à la force de manière indiscriminée, violé des femmes, détruit, pillé des biens privés et publics.
Pour HRW, en ciblant les civils, l’armée camerounaise fait preuve d’une réaction disproportionnée qui est contre-productive, et risque de provoquer davantage de violence.
Régulièrement interpellé sur le sujet, par écrit, l’ONG de défense des droits humains affirme que le régime de Yaoundé a régulièrement nié que les forces de sécurité aient commis les exactions documentées dans ses rapports.
Il en est de même des séparatistes armés, ayant attaqué, exécuté et enlevé au moins 350 personnes dans le but d’obtenir une rançon depuis octobre 2018, «dans un climat marqué par une violence croissante et par la multiplication des appels à la sécession» dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et dont les leaders rejettent la responsabilité de la violence «sur des bandits et sur des groupes soutenus par le gouvernement».
Pour HRW, les partenaires du Cameroun, en particulier la France, devraient accroître les pressions sur le gouvernement camerounais afin que les responsables soient tenus de rendre compte de leurs actes et s’assurer que tout soutien accordé aux forces de sécurité camerounaises ne contribue pas à des atteintes aux droits humains ou ne les facilitent pas.
De même, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies devrait demander au Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), ou à d’autres experts de l’ONU, de mener une mission exploratoire sur les allégations d’atteintes aux droits humains au Cameroun, et ajouter formellement la question du Cameroun à l’ordre du jour du Conseil, demander au secrétaire général de l’ONU l’organisation d’une réunion d’information sur cette situation, et indiquer sans équivoque que les responsables d’atteintes graves aux droits humains risquent de faire l’objet de sanctions.
Il faut absolument, insiste le rapport, que le gouvernement camerounais rétablisse l’État de droit dans les régions anglophones et exige des personnes qui s’en prennent aux civils qu’elles rendent compte de leurs actes», en même temps que «les chefs des groupes séparatistes devraient cesser de commettre des exactions à l’encontre des civils, et montrer qu’ils sont disposés à résoudre cette crise».
FCEB/te/APA