Survenue la veille dans un établissement secondaire public de la capitale, Yaoundé, la disparition d’un jeune dispensateur du savoir, sous les coups de couteau de son apprenant, crée une vive émotion dans les journaux camerounais parus mercredi.
«Lycée classique de Nkolbisson : un élève tue son enseignant» ; «Lycée classique de Nkolbisson : à 17 ans, il tue son prof de maths» ; «Yaoundé : un enseignant tué par son élève » ; «Violences en milieu scolaire : il poignarde à mort son prof de maths» ; «Le seuil de l’intolérable» ; «Lycée classique de Nkolbisson : chronique d’un meurtre prémédité» ; «Yaoundé sous le choc, après le meurtre d’un enseignant par son élève» ; «Drame au lycée de Nkolbisson : l’échec de la gouvernance scolaire», titrent respectivement Mutations, InfoMatin, Cameroon Tribune, Le Messager, Le Quotidien, Le Jour, The Guardian Post et Repères.
Maurice Njoni Tchakounté, la victime, avait à peine 26 ans lorsque, en plein cours, il a été atteint de plusieurs coups de couteau à lui assénés par son élève de 4ème âgé pour sa part de 17 ans, relate le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune. L’adolescent manipulait son téléphone portable pendant que l’enseignant dispensait son cours, poursuit Mutations. Courroucé, il va lui intimer l’ordre de lui remettre ledit appareil qu’il devra faire confisquer par les services administratifs compétents, conformément aux dispositions du règlement intérieur de l’établissement, mais l’élève va refuser de s’exécuter.
«Le professeur lui a demandé de sortir de la salle de classe pour n’avoir pas exécuté une première punition, qui lui avait été infligée vers la fin du premier trimestre, témoigne un apprenant dans les colonnes d’InfoMatin. Pendant l’altercation qui s’en est suivie, l’élève a sorti un couteau à manche bleue qu’il a planté à plusieurs reprises dans la poitrine du prof.»
C’est dans cette ambiance lourde que la ministre des Enseignements secondaires, selon Le Jour, a tenu des propos qui indignent : après le drame, Nalova Lyonga, plutôt que d’apaiser, a eu une réaction jugée inopportune en appelant les enseignants à plus de responsabilité, suscitant une vive réprobation de l’assistance.
Comme problèmes posés dans les établissements, les enseignants, énonce Le Jour, dénoncent le comportement de certains parents qui ne sont toujours pas prêts à les soutenir lorsqu’il s’agit de punir leurs enfants, regrettant surtout l’impunité qui s’installe aujourd’hui à l’école. C’est la preuve de la dictature de la rue sur l’école, soupire Le Messager, regrettant que les lieux d’acquisition du savoir, pour la jeunesse, soient également devenus des sites d’expression du grand banditisme où circulent stupéfiants et autres armes blanches.
Un élève bourreau de son enseignant, il y a comme un monde à l’envers ! s’exclame Repères : finies les bonnes vieilles méthodes qui ont fait pourtant leurs preuves en tenant compte de nos cultures, de nos us et coutumes. Place désormais à la modernisation à outrance et à l’occidentalisation des enseignements. «Le bon vieux fouet, excellent redresseur de torts et autres caprices, a été interdit. Il n’est donc plus rare que l’enseignant écope des sanctions pour avoir ignoré cette règle ou subisse les foudres des parents pour avoir osé punir ou faire des remontrances à son élève.»
Cette situation, appuie Le Quotidien, vient exposer les failles des mesures sécuritaires prises par les responsables des établissements scolaires, non sans interpeller toute la communauté éducative sur le rôle qu’elle doit jouer, de commun accord avec les autorités administratives et les forces de maintien de l’ordre, pour sécuriser les écoles, lycées et universités.
FCEB/te/APA