La montée fulgurante et la multiplication des crises sociopolitiques s’affiche, en bonne place, en couverture des journaux camerounais parus jeudi.
Régions anglophones, revendications post-électorales, dérive tribale… Le climat social au Cameroun est marqué depuis des mois par des crises qui s’enlisent. Y a-t-il des pistes vers l’apaisement ? s’interroge gravement Le Jour.
Le concept de «vivre ensemble» est sorti des tiroirs et a été mangé à toutes les sauces, pour bien montrer qu’il est loin d’être aujourd’hui un acquis : «S’il est un constat implacable à poser sur le Cameroun d’aujourd’hui, c’est l’échec cuisant de l’expérimentation in vitro de la République des citoyens, corollaire de l’État-nation dont on aura, à tort, bien tardé la levée du deuil», explique le philosophe Pascal Touoyem dans les colonnes de la publication.
«Nous nous trouvons en pleine dérive dictatoriale», Le Messager, le régime Biya ayant réussi à mettre la majorité contre lui et, désormais, inspirant la mobilisation des partis et de la société civile qui s’apprêtent à battre le pavé pour exiger, dans un premier temps, la libération des prisonniers politiques.
Et la preuve que même les libertés sont bafouées par le régime est apportée, dans les colonnes de l’hebdomadaire du fait judiciaire Kalara, qui relate les maltraitances dont ont été victimes des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), interpellés le 26 janvier dernier alors qu’ils organisaient une manifestation pacifique contre le «hold-up» de l’élection présidentielle de début octobre 2018.
Le procès public des «marches blanches» a débuté au tribunal militaire de Yaoundé, rapporte la publication, et à la barre le premier contingent des prévenus se lâche pour dénoncer les violences subies, aussi bien dans les commissariats que derrière les murs de la prison.
Face à la vague des périls, au moment le Cameroun, «lentement mais fatalement, s’en va glissant vers une déréliction certaine, ébranlée et fissurée qu’elle est dans l’essence même de ses fondements historiques», l’appel au sursaut est donné, dans les colonnes de The Post, par un ancien dignitaire du régime : Titus Edzoa, tombé en disgrâce et qui a survécu à 17 bonnes années de prison.
En termes de proposition de solutions, l’ancien médecin personnel du président Biya mentionne : une adresse solennelle, médiatisée du chef de l’État à la nation ordonnant l’arrêt des hostilités sans délai dans les régions anglophones, l’ouverture d’Assises nationales, un débat sur le Code électoral, ou encore des mesures de détendre à travers la libération des prisonniers politiques.
Et pendant ce temps, constate InfoMatin, la «grande muette» soigne son image au Salon de promotion des entreprises (Promote) qu’accueille Yaoundé depuis le début de la semaine, à travers un stand où «il n’est plus question de voir la gendarmerie et l’armée sous l’angle répressif, mais plutôt sous un aspect particulièrement important qu’on ne saurait quantifier financièrement», à savoir un outil du développement du pays.
Il en faudrait sans doute plus qu’une foire de cette nature pour rassurer le public jeune chez qui, selon Défis Actuels, «le taux de sous-emploi est estimé à 75,8%», des «chiffres effrayants» et encore plus élevés chez les jeunes de 15-24 ans (84,8%) et 15-34 ans (73,1%) que celui de l’ensemble de la population (70,6%).
Et ça ne va guère mieux dans le domaine des soins où, selon Échos Santé, un regroupement de personnels publics déplore l’isolement médico-social des médecins, la désertification des périphéries des grandes agglomérations, appelant à la réhabilitation des structures hospitalières, au renforcement des plateaux techniques dans les zones reculées et enclavées.
Il faudrait sans doute aussi, suggère Épervier sous le titre «L’heure est grave !» se pencher très sérieusement sur le phénomène des faux médicaments qui «tuent plus que la maladie», car ces produits ne se trouvent plus seulement dans la rue, mais aussi dans les pharmacies.
FCEB/APA