Le décret du président Paul Biya de la veille, portant commutation et remise de peines pour certains prisonniers, divise les journaux camerounais parus jeudi.
À travers le titre «Coronavirus : Paul Biya soulage les prisonniers», Défis Actuels note que cette décision permettra à plusieurs détenus de recouvrer la liberté. Il s’agit manifestement d’une réponse à l’appel de la communauté internationale à désengorger les prisons, sous la menace du Covid-19 mais aussi de restaurer de l’État de droit, surtout au lendemain d’un début d’émeute à la maison d’arrêt de la capitale, Yaoundé. «Après la pression et la grève, Biya entre en grâce avec la grâce présidentielle», prolonge The Post.
«Covid-19 : Biya désamorce la bombe à retardement et ordonne, enfin, la décongestion des prisons», répond en écho The Horizon. C’est une belle surprise du président, applaudit le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune. Il s’agit d’un acte républicain et humaniste, salue également L’Anecdote.
C’est un «coup de grâce», note Mutations, précisant que près de 54% de la population carcérale, constituée des prévenus, a été recalée par le décret présidentiel. Une bien maigre moisson, pour les Nations Unies et les organisations de défense des droits de l’homme qui plaidaient pour des libérations à grande échelle, renchérit La Nouvelle Expression, soulignant que 70% de la population carcérale n’est point concernée.
Plus encore, soupirent Le Messager et The Guardian Post, les prévenus, les prisonniers de la crise anglophone, des détenus de l’opération de lutte contre les détournements de deniers publics et de l’opposition, sont exclus. «Paul Biya ne désengorge pas les prisons», acquiesce Le Jour. «La grosse arnaque de Paul Biya», s’emporte carrément Émergence, évoquant une mansuétude présidentielle à tête chercheuse.
FCEB/te/APA