Une brouille diplomatique, à la suite d’une déclaration controversée du chef de l’État français Emmanuel Macron à l’endroit de son homologue Paul Biya, continue de faire les choux gras des journaux camerounais parus mardi.
«Propos d’Emmanuel Macron : la présidence de la République exprime sa surprise», titre le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune : dans un communiqué publié la veille au soir, le secrétaire général de ladite présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, «s’étonne de la sortie du président de la République française, rejette les allégations mensongères de l’activiste interlocuteur d’Emmanuel Macron et appelle les Camerounais à garder leur calme».
«France-Cameroun : le manque d’élégance qui choque», répond en écho Tribune d’Afrique. En effet, explique l’hebdomadaire, interpellé samedi dernier par un activiste en exil dans son pays au sujet de supposées atteintes aux droits de l’homme et aux libertés, M. Macron, sans filtre, s’est lancé dans des déclarations qui froissent le régime de Yaoundé, suscitant une levée de boucliers de «patriotes».
Des dizaines de personnes ont ainsi manifesté la veille dans la capitale, Yaoundé, après cette sortie, au cours de laquelle le jeune président a révélé avoir exercé des «pressions» contre Paul Biya pour faire libérer des prisonniers politiques, promettant d’autres «pressions» sur la crise sécessionniste anglophone, informe The Guardian Post. Gadgets, banderoles, drapeaux en main, hommes et femmes ont tenu à exprimer avec patriotisme leur ras-le-bol par rapport à l’ingérence du chef de l’exécutif français, détaille InfoMatin.
«On peut donc manifester au Cameroun !» s’exclame Le Jour, ironisant sur cette agitation n’ayant reçu aucune autorisation préalable de l’autorité préfectorale compétente, alors que les manifestations publiques de partis de l’opposition, dûment déclarées, sont systématiquement interdites depuis des années.
Cette manifestation publique a lieu dans un contexte où les réunions et manifestations publiques organisées par les partis politiques d’opposition et des organisations de la société civile sont régulièrement interdites au Cameroun, confirme Mutations, le motif invoqué, à chaque fois par les autorités administratives, étant le «risque de trouble grave à l’ordre public».
C’est que, pour emprunter à Émergence, «Yaoundé plonge dans la panique» : pour la première fois, le régime autorise une manifestation anti-française devant l’ambassade de ce pays au Cameroun. Il s’agit d’une mobilisation manquée contre Emmanuel Macron, pouffe l’hebdomadaire satirique Le Popoli. Il s’est agi d’un grand bluff, confirme Le Messager, évoquant sans y toucher des primes promises par des caciques du pouvoir à de jeunes désœuvrés.
FCEB/cgd/APA