Les mesures gouvernementales, portant gratuité d’accès et de suivi des populations aux services de dépistage et de prise en charge du vih/sida dans les formations sanitaires publiques et les structures communautaires affiliées, restent insatisfaites depuis leur entrée en vigueur le 1er janvier dernier au Cameroun, selon l’organisation non gouvernementale (ONG) Positive-Generation.
A ce jour, explique son chargé de la communication et du plaidoyer, Angoni Angoni, interrogé par APA, il n’y a qu’à l’hôpital central de Yaoundé, la capitale du pays, que la décision est effective et a été accompagnée d’une note de service du directeur de cette formation sanitaire. Ici, indique-t-il, les témoignages de satisfaction, recueillis auprès des patients, confirment l’effectivité de ladite décision.
Dans certaines formations sanitaires de la métropole économique, Douala, les frais relatifs au dépistage et aux examens cliniques ont été supprimés, mais, dans la quasi-totalité des formations sanitaires du pays et selon Positive-Generation, les patients affirment que la gratuité décrétée n’est pas encore effective.
Annoncées par le ministère de la Santé publique (Minsanté), les mesures de gratuité concernent le dépistage rapide, la consultation prénatale, le carnet de soins, le dossier médical, les examens biologiques (CD4 et charge virale). Elles visent également les tests de dépistage précoce pour les enfants, la distribution des antirétroviraux et des médicaments de prévention des infections. Il est en outre précisé que les formations sanitaires et laboratoires retenus par le gouvernement recevront, gratuitement, les réactifs des médicaments afférents à l’ensemble des examens.
L’ONG, reconnue au Cameroun pour ses activités de monitoring et d’alerte, reconnaît certes que cette série de facilitations confère à la riposte du vih/sida une dimension notoire dans l’instauration de la couverture sanitaire universelle (CSU), rappelant qu’il s’agit de l’une des cibles des Objectifs de développement durable (ODD) en matière de santé, devant permettre d’aboutir à un recul du nombre de nouvelles infections et décès liés au vih.
Mais, pour Positive-Generation, le problème récurrent de rupture d’intrants, y compris des tests de dépistage, tarde à être résolu. Elle s’étonne qu’on évoque déjà la gratuité des frais alors que, paradoxalement, les institutions compétentes éprouvent toujours des difficultés pour résoudre le sempiternel problème de rupture des stocks. «L’intention est bonne, mais l’on devrait éviter de se retrouver dans une situation où la charrue est mise avant les bœufs», déclare Angoni Angoni.
Relevant un déficit de communication du Minsanté sur la série de mesures en direction du grand public, par ailleurs qualifiée de «salutaire», l’ONG insiste pour que les organisations de la société civile soient associées à la démarche afin d’en assurer un contrôle citoyen. Dans le même ordre d’idées, et afin donner du sens et de la puissance à cette action, elle estime urgent la mise à la disposition des formations sanitaires des intrants nécessaires, leur permettant ainsi d’assurer la continuité et la gratuité des services vih.
Positive-Generation suggère en outre l’extension de ces décisions gouvernementales auprès des formations sanitaires privées et confessionnelles, mais aussi des laboratoires et dont la liste doit être diffusée à grande échelle, afin de conférer un caractère durable à l’initiative. «De même, pour éviter que les patients soient victimes d’escroquerie, chaque formation sanitaire publique adhérant à cette initiative doit produire et rendre publique une note de service confirmant que les services vih sont désormais gratuits.»
FCEB/te/APA