La décision de boycotter les élections législatives et municipales du 9 février prochain, par un des principaux partis de l’opposition, continue de faire jaser les journaux camerounais parus mercredi, avec en appendice les incertitudes dans les régions anglophones où la crise sécessionniste continue de préoccuper.
Ils sont quatre, des cadres du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) dont les portraits s’affichent en couverture et dont Le Messager évoque le «rêve brisé» : celui d’occuper les bancs de l’Assemblée nationale au lendemain du double scrutin auquel leur formation ne prendra finalement pas part. Avec le système électoral actuel, avait alors justifié lundi dernier son leader, Maurice Kamto, les mêmes causes produiront inévitablement les mêmes effets à savoir : fraudes massives, vol des résultats et nouvelle crise postélectorale. Kamto trahit les ambitions de ses cadres dirigeants, prolonge Essigan.
Analyste politique et enseignant de droit public, Ambroise Louison Essomba redoute, dans les colonnes de Mutations, une implosion dudit parti du fait d’un véritable choc au niveau de la masse des militants. Pour lui, le MRC prend un sérieux coup au niveau de son organisation, et surtout de la volonté militante de réformer les institutions du pays.
En appelant ses cadres à se mobiliser pour ces élections, pointe The Guardian Post, M. Kamto et les siens savaient pertinemment que le système continuait de verrouiller le processus démocratique et que, surtout, rien n’était réglé dans la crise sécessionniste dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, principales raisons avancées pour se mettre en marge du double scrutin.
En martelant que le dispositif électoral actuel n’est rien d’autre qu’une souricière politique, que des personnes porteuses d’un sombre projet contre le peuple sont à l’œuvre au sommet de l’État, prêtes à tout pour garder le pouvoir, le président du MRC, rappelle La Nouvelle Expression, a également indiqué qu’à partir du 9 février prochain, ou même avant, les Camerounais doivent s’attendre à tout. Toute chose qui laisse planer de lourdes menaces, la suite du processus politique du pays se conjuguant désormais dans l’incertitude.
«Maurice Kamto croit ainsi avoir porté son coup de Jarnac au pouvoir de Yaoundé, cogne L’Anecdote. Sauf – et l’histoire l’enseigne à suffire – que la lame de son épée a traversé le manche pour le frapper lui-même. On ne fait pas de politique autrement que sur des réalités.»
Le désistement annoncé du MRC marque la mort politique de son président national, dont les postures brillent par leur inconstance, tranche Repères sous le titre «Maurice Kamto, la fin d’une imposture» : «On le voit bien, Maurice Kamto, les États-Unis et le Commonwealth font jonction sur un point : la situation sécuritaire dans les régions anglophones. Le désistement du MRC est alors le cheval de Troie dont se servent les deux autres.»
Et voilà qui sert de transition au quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, qui consacre sa principale manchette à l’arrivée dans le pays du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo et sa collègue du Commonwealth, Patricia Scotland, qui y effectuent une mission conjointe afin d’appuyer les efforts du gouvernement dans la recherche d’une solution à la crise séparatiste anglophone.
Après avoir passé son temps à tergiverser et à laisser pourrir la situation, voilà le président Paul Biya, ajoute Émergence, désormais encerclé par ces trois institutions dont l’actuelle démarche laisse poindre une certaine insatisfaction par rapport aux mesures préconisées jusqu’ici par le pouvoir de Yaoundé.
FCEB/cat/APA