La mise en route de l’armée malienne vers Kidal (nord-est) et le dialogue avec les terroristes annoncés par le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, en marge du 33e Sommet de l’Union Africaine (UA), suscitent beaucoup d’espoir. Cet article, édité le 11 février dernier, est rediffusé en raison de sa pertinence.
Le président malien a donné ces informations, le 10 février 2020, au cours d’une interview accordée à France 24 et Radio France Internationale (RFI). Ibrahim Boubacar Keïta a affirmé sa volonté de discuter avec les chefs terroristes actifs au nord du Mali que sont Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa.
D’ailleurs, Dioncounda Traoré (ancien président par intérim), son représentant dans cette partie du pays, avait déjà donné le ton devant la société civile et le corps diplomatique accrédité au Mali : « S’ils n’y voient pas d’inconvénients, s’ils sont d’accord, je suis prêt à rencontrer Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly. Je suis même prêt à rencontrer leurs chefs, ceux qui tirent les ficelles ».
Les populations, plus particulièrement celles du centre, apprécient cette nouvelle. En 2019, les attaques terroristes y ont fait plus de 450 morts. « Si cela peut permettre d’arrêter les exactions, nous sommes très contents de l’apprendre. Nous espérons que ce dialogue, tant souhaité, prenne forme dans les plus brefs délais pour le bonheur des populations meurtries », a commenté Boureïma Soulo, porte-parole du collectif Sauvons la région de Mopti.
L’idée de nouer le dialogue avec les groupes terroristes est une demande du peuple malien émise lors de la Conférence d’entente nationale tenue en février 2017. Elle a été renouvelée au cours du Dialogue national inclusif qui vient de s’achever.
Quand Abdoulaye Idrissa Maïga était Premier ministre, une Commission de bons offices pilotée par l’imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut Conseil Islamique, avait entamé les démarches préalables aux discussions avec les djihadistes.
Toutefois, l’annonce d’Ibrahim Boubacar Keïta ne manque pas de soulever certaines questions. « Je ne peux pas comprendre que le ministre des Affaires étrangères (Tiébilé Dramé) dise qu’une négociation avec les terroristes n’est pas dans l’agenda du gouvernement et moins de deux semaines plus tard, le président de la République parle de dialogue avec ces mêmes personnes », s’est interrogé Aboubacar Berthé.
Pour ce journaliste, cela dénoterait « une cacophonie au sommet de l’État. Ce qui n’est pas bon signe au moment d’aller à ces négociations ». En tout cas, 300 soldats de l’armée malienne reconstituée ont quitté Gao pour se rendre à Kidal, une ville où ils sont absents depuis 2014.
« Si le retour de l’armée à Kidal peut favoriser celui du reste de l’administration dans cette ville, on ne peut que s’en réjouir », a souligné Aminata Traoré, militante des droits de l’Homme.
Pour enterrer la hache de guerre, le gouvernement malien et les rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) avaient signé, le 20 juin 2015 à Bamako, un accord de paix négocié à Alger, la capitale algérienne.
Cet accord prévoit, entre autres, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des rebelles, le déploiement progressif de l’armée au nord et l’application de mesures de décentralisation avec notamment un fonds destiné au développement du nord dont le financement incombe aux bailleurs internationaux.
MDS/id/te/cgd/APA