Si la campagne électorale pour les législatives et municipales du 9 février continue de passionner, le raid de la police et de la gendarmerie contre un pacifique cortège funèbre d’enseignants indigne, lui aussi, les journaux camerounais parus lundi.
Dérogeant à la fièvre pré-électorale, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune affiche en grande manchette le message de condoléances du président Paul Biya à la famille de Boris Kevin Njomi Tchakounté, jeune enseignant assassiné le 14 janvier par un jeune élève dans un lycée de la capitale, Yaoundé. Le chef de l’État réconcilie les Camerounais à travers son message de condoléances, note The Horizon, rappelant la grande tension ayant suivi cet acte odieux exacerbée par une posture ambiguë de la patronne des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga.
Ce qu’on n’oubliera pas, répond en écho Le Jour, c’est cette répression exercée jeudi dernier sur la caravane funèbre des enseignants en toge qui voulaient juste rendre un dernier hommage à leur jeune collègue. On a tiré sur la dignité des dispensateurs du savoir, soupire le président du Collectif des enseignants indignés du Cameroun, Jacques Bessala Ngono.
Le même s’exprime chez Mutations, déclarant que les événements du 30 janvier «sont tristes et resteront gravés dans la mémoire collective de la grande famille éducative au Cameroun». Cette violence des forces de maintien de l’ordre sur des marcheurs à mains nues est intolérable, acquiesce L’Essentiel.
Le même bihebdomadaire plonge aussitôt dans ce qu’il qualifie de chaudron de la campagne pour le double scrutin à venir. Dans son panorama, des opérations sous haute sécurité en régions anglophones, l’opposition plus que jamais déterminée à casser l’hégémonie du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).
La campagne électorale entre dans sa dernière ligne droite, annoncent en chœur Cameroon Tribune et l’hebdomadaire The Star, la dernière publication citée, mais aussi The Post, mentionnant toutefois des attaques armées essuyées par des équipes de propagande dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
Le pays étouffe et grelotte sous la fièvre électorale, soupire Eden. Dans ces régions anglophones, en proie à la crise sécessionniste, les campagnes, renchérit The Sun, s’intensifient face à la montée de la violence, chaque acteur tentant d’exorciser les démons de la division. Témoin de ce sursaut contre la partition du pays, The Median a suivi les pas de quelques candidats et élites qui, bravant les menaces séparatistes, parcourent la zone et appellent les populations à vaincre la peur.
En première ligne de cette mobilisation contre la psychose répressive des indépendantistes, The Voice mentionne l’engagement massif des pontes du RDPC. «La paix revient peu à peu sur cette partie du territoire», se satisfait, dans les colonnes de The Herald Tribune, le cardinal Christian Tumi. Dans tous les cas, prévient L’Avocat, l’armée a pris des dispositions pour que le double scrutin se déroule sans heurts sur toute l’étendue du territoire.
Au sujet du financement public de la campagne électorale, EcoMatin constaté, pour s’en émouvoir, que le dispositif institutionnel censé veillez à la régularité de la dépense des fonds reçus n’a toujours pas été mis en place, de nombreuses années après sa mise en place formelle, toute chose qui laisse libre cours à toutes sortes de pratiques dont la moindre n’est pas la corruption des consciences.
Dans sa chronique quotidienne consacrée aux insolites de la campagne, Mutations s’amuse à observer comment certains dirigeants et élus vivent aux antipodes des préoccupations des populations qu’ils administrent, ou prétendent représenter. Des gens souvent hors du temps, complètement déconnectés des réalités et que les opérations de propagande, qui les obligent à descendre sur le terrain, font subitement découvrir la détresse quotidienne du peuple électeur, qu’on ne fait semblant d’entendre que pour obtenir ses suffrages.
FCEB/te/APA