La menace, grandissante, des poids lourds de l’opposition de boycotter les élections législatives et municipales du 9 février 2020, est en haut de l’affiche des journaux camerounais parus vendredi.
Ce fut au départ le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), auquel viennent de se joindre le Front social démocratique (SDF) et le Parti camerounais de la réconciliation nationale (PRCN) pour fixer, annonce Le Messager, les conditions pour leur participation au double scrutin.
Comme la première formation citée, explique Mutations, les arguments du SDF tiennent uniquement à la situation de crise sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, présentées comme son bastion. Quant à la dernière, qui exige la prolongation des délais de dépôt des listes de ses représentants, elle a déroulé une litanie d’obstacles rencontrés par ses militants lors de la confection des dossiers de candidature avec, entre autres, le refus de signer les pièces par les élus municipaux proches du pouvoir, des faits visiblement délibérés et constitutifs de fraude pré-électorale, visant tout simplement à faire éliminer des candidats de l’opposition.
S’intéressant particulièrement au SDF, The Guardian Post voit dans son attitude une tentative désespérée pour gagner la sympathie du public : le premier parti de l’opposition parlementaire avait d’abord investi des candidats et, face au risque de tout perdre dans les zones où il est le mieux représenté, fait aujourd’hui machine arrière pour s’inscrire chez les frondeurs.
L’on aurait tort de penser que l’opposition est la seule à se révolter contre le système, objectent Essingan et Signatures, signalant un vent mauvais au sein même du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) qui, depuis une dizaine de jours, tient la vedette avec des investitures à problèmes où les barons ont décidé de faire fi de la circulaire de leur président national, et décidé d’introniser leurs copains au grand dam de la base qui promet se venger par un vote sanction le 9 février prochain si le tir n’est pas rectifié.
«La panique s’installe dans le RDPC», confirme Aurore Plus : du fait des tripatouillages en rase campagne, des alliances implosent, des camps s’écartèlent et les divisions se sont transformées en fractures. «Certains caciques du parti, soupire Signatures, reprennent tranquillement leur siège après plus de 20 ans à l’Assemblée nationale. Parfois sans consensus ni vote, au mépris des directives du président national. Ainsi plusieurs postes ont été confisqués par la même famille ou le même village. Comme si ces caciques veulent vraiment prendre le président en otage.»
Sans doute, ose le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, toutes ces polémiques pourront trouver remède auprès du Conseil électoral d’Elections Cameroon (Elacam), l’organe en charge des scrutins et opérations référendaires, qui tient une session de plein droit vendredi au terme de laquelle d’importantes décisions pourraient intervenir.
FCEB/cat/APA