Le dernier rapport de l’organisation non gouvernementale (ONG) International Crisis Group (ICG), sur le conflit sécessionniste anglophone, suscite des commentaires dans les journaux camerounais parus vendredi, lesquels traitent également de sujets à caractère socioéconomique et se penchent, aussi, sur la liberté de la presse à l’occasion de la Journée internationale consacrée à cette dernière.
«Crise anglophone : 1850 morts en 20 mois» est la grande manchette de Mutations, qui relaie les tristes conclusions d’un rapport publié la veille par l’institution indépendante basée à Bruxelles (Belgique), au sujet de la guerre séparatiste qui, depuis 2016, ensanglante les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
À ce triste bilan il convient d’ajouter 530.000 déplacés internes et des dizaines de milliers de réfugiés vers le Nigeria, renchérit The Guardian Post, qui met également en avant les exhortations des auteurs dudit rapport à l’endroit des acteurs locaux et internationaux, invités à pousser les deux camps à des concessions sous peine de sanctions contre ceux qui feraient obstacle au dialogue, et de récompenses pour les belligérants les moins intransigeants.
La combinaison de pressions internes et internationales, note le quotidien de langue anglaise, pourrait amener le gouvernement et les séparatistes à des concessions.
Souvent critiqué pour de prétendues entraves au droit de regard de la communauté internationale, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune consacre, justement, son titre principal à la question du respect des droits de l’homme dans le pays, avec le gouvernement qui joue la transparence à travers la visite officielle de 4 jours, débutée la veille au soir, du haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.
La question des réfugiés et déplacés internes dans le Nord-ouest et le Sud-Ouest sera au cœur des entretiens avec les autorités, précise la publication, pendant que son confrère Essingan se félicite, lui aussi, que «le Cameroun ouvre ses portes aux Nations Unies».
C’est le président Biya, en personne, qui a invité la diplomate à se rendre dans son pays, dans un contexte marqué, note Émergence, où les libertés publiques et la violence, sous toutes ses formes, s’expriment avec acuité.
Chez Baromètre Communautaire, c’est la revue à la hausse des produits de première nécessité importés, décidée par le gouvernement depuis le 24 avril, qui tient la vedette : une soixantaine desdits produits dont les détergents, la farine, la peinture, le poisson ou encore le sucre voient ainsi leur valeur imposable à l’importation s’envoler.
Et l’hebdomadaire d’expliquer cette mesure par le souci de protéger le marché intérieur, booster la production et la transformation locale, de manière à réhabiliter le concept «made in Cameroon» et le slogan «consommons camerounais».
À la vérité, traduit Émergence, le Cameroun n’avait pas le choix, pris à la gorge qu’il est par le Fonds monétaire international (FMI) avec lequel il est sous programme économique triennal (2017-2019), et qui exige notamment le relèvement des recettes non pétrolières et l’élargissement de l’assiette fiscale, autant de conditionnalités qui vaudront bientôt au pays un décaissement de 45 milliards FCFA de l’institution financière au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) sur un total de 396 milliards FCFA, dont 245 milliards FCFA ont été décaissés à ce jour.
Dans Cameroon Tribune, qui précise par ailleurs que l’enveloppe attendue de l’institution financière sera débloquée en juin prochain, sa cheffe de délégation, Corinne Delechat, exprime sa satisfaction quant à la bonne exécution du programme de réformes macroéconomiques par les pouvoirs publics.
Le tri-hebdomadaire L’œil du Sahel, lui, traduit dans ses colonnes la colère de la communauté musulmane contre les pouvoirs publics, suite à l’augmentation, de l’ordre de 287.000 FCFA par rapport à 2018, des tarifs du voyage pour le pèlerinage à la Mecque.
En cette Journée internationale de la liberté de presse, Le Quotidien de l’Économie consacre un dossier à ce qu’il présente comme «les secteurs juteux de la presse écrite» : à l’heure où les journaux et les professionnels du secteur crient famine, des acteurs périphériques, à l’instar des distributeurs, des imprimeurs et autres managers, tirent leur épingle du jeu.
C’est, malheureusement aussi, soupire Le Jour, l’ère des fausses informations, des «fake news» sur les réseaux sociaux, abondamment repris par les médias dont il convient, suggère le journal, de repenser le modèle professionnel.
Il y a un certain nombre de territoires qu’il faut distinguer, lorsqu’on parle de liberté de l’information, recentre, dans Cameroon Tribune, le directeur de l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) de Yaoundé, Charles Boyomo Assala, qui établit la distinction entre la liberté des médias dont la liberté des supports, et la liberté de l’information qui est le contenu à poser sur un support et qui est donc collecté et traité par les journalistes.
FCEB/cat/APA