Le massacre d’une vingtaine de civils, dans la région du Nord-Ouest en proie à une guerre séparatiste, émeut les journaux camerounais parus lundi et qui restent, cependant, rivés sur les leçons à tirer des élections législatives et municipales du 9 février.
«Crise anglophone : Saint Valentin noir à Ntumbaw», «Horreur : 27 civils massacrés dans le département du Donga-Mantung», «Arrêtez de massacrer les enfants !», titrent respectivement Le Messager et The Star à propos de la folie meurtrière du 14 février dans un village isolé.
C’est la controverse autour d’un «massacre» commis le 14 février 2020 dans la localité de Ngarbuh, titre Mutations qui, se fondant sur des sources locales, a du mal à dire avec exactitude qui sont les auteurs de la tuerie. Les riverains ne savent pas si ce sont des séparatistes qui se sont déguisés en militaires pour orienter leur appréciation ou ce sont de vrais soldats.
The Post nage également en plein mystère, se demandant qui, de l’armée, des justiciers sécessionnistes ou des bergers ont perpétré le massacre de Ngarbuh-Ntumbaw. Et de soupçonner également un antagonisme inter-villageois, qui se serait transformé en carnage où femmes et enfants ont été brutalement abattus.
Condamnation généralisée du meurtre d’au moins 30 civils à Ngarbuh, soupire The Sun. Ce qui étonne Scoop, c’est le «silence provocateur» du pouvoir de Yaoundé par rapport à ce drame. Raison de plus, selon Indepht-News, pour exiger la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale indépendante sur le sujet.
En attendant, répond en écho Intégration, c’est une conférence internationale sur le conflit armé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest qui est annoncée en mi-mars prochain aux États-Unis, le lobby organisateur de ces assises confessant évoluer en marge des faux-semblants, et estimant que les choses méritent d’être dites clairement.
Replongeant aussitôt dans le marigot politique, le même hebdomadaire, suivi en cela par Défis actuels et L’Essentiel, entreprend de dessiner la nouvelle carte politique au lendemain des élections municipales, dans laquelle trônent désormais 10 partis politiques avec des fortunes diverses.
Fort de sa majorité obèse dans 316 communes, sur les 360 que compte le pays, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) semble pourtant subitement atteint de fébrilité, lui qui, constate The Star, a décidé de dépêcher des délégués en vue de la supervision de la constitution des exécutifs municipaux. Cette démarche, explique The Median, a pour but d’éviter l’achat des consciences et autres manipulations susceptibles de fausser le jeu démocratique.
C’est la nuit des longs couteaux, pointe L’Indépendant, qui craint que le comité central de la formation n’ait en réalité envoyé ses émissaires sur le terrain uniquement pour instrumentaliser les nouveaux élus dans une atmosphère de marchandages, trafics d’influence, cooptation, passe-droits, clientélisme et quête de crédibilité. Le RDPC va couper les têtes des indociles, moque pour sa part Essingan alors que, pour Défis Actuels, il s’agit d’éviter de replonger le parti dans d’interminables tensions internes.
Plus sérieusement, et d’une manière générale, la dernière publication citée se penche sur ce qu’il qualifie de triomphe du vote identitaire, du vote sanction et du vote par dépit constaté au soir du 9 février 2020. «Au finish, c’est la politique camerounaise en général et sa démocratie en particulier, qui sortent très affaiblies de ce processus électoral finissant, qui aura été très loin d’être un moment fort de confrontation des programmes et des projets de société, mais plutôt celui du renforcement des solidarités primaires et des émotions grégaires.»
Aurore Plus, embraye dans le même sens, condamnant le vote tribal et les replis identitaires, résolument contre la démocratie et les programmes politiques. La démocratie aura finalement été le plus grand perdant de ce double scrutin, acquiesce Indepht-News.
FCEB/te/APA