Devenue incontournable dans les contenus des médias, la crise sécessionniste anglophone, ses horreurs et les espoirs s’inscrit encore en sujet principal dans les journaux camerounais parus jeudi, qui se penchent accessoirement sur des sujets d’économie.
Après l’horreur, c’est l’horreur, s’indigne d’entrée de jeu Émergence, commentant la vidéo de l’assassinat de sang-froid, la veille à Bamenda (Nord-Ouest), d’un enseignant d’histoire-géographie sauvagement décapité par un présumé combattant séparatiste.
Dimanche, déjà dans la localité de Muyuka (Sud-Ouest), rappelle The Post, un bébé avait été criblé de balles dans son berceau par des hommes en tenue, un acte barbare attribué par la famille aux forces de défense et de sécurité, et qui a suscité une indignation nationale.
C’est sur ces entrefaites que le gouvernement a fait une sortie qualifiée de «controversée» par Le Jour, affirmant, selon une analyse minutieuse de spécialistes, que la blessure sur la tête du nouveau-né lui avait été infligée par une arme blanche, et non par une munition.
Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, rejette en bloc les accusations portées contre l’armée camerounaise, traduit Mutations, l’acte criminel ayant été selon lui commis par un groupe d’individus armés de fusils de chasse de calibre 12 et d’armes blanches, qui a investi le domicile d’un ancien rebelle sécessionniste aujourd’hui repenti et qui, alerté de l’expédition punitive de ses anciens compagnons de guerre, et pris de panique, a dû quitter précipitamment son domicile avec son épouse et deux de ses enfants sans avoir pu emmener avec eux leur fillette âgée de 4 mois.
Le même démenti gouvernemental, qui évoque la « manipulation de l’opinion », est relayé par Le Quotidien, Cameroon Tribune, La République et The Guardian Post.
Au-delà des actes barbares et de la polémique sur leurs auteurs, c’est la méthode du gouvernement pour sortir de la crise anglophone qui questionne, soupire, dans les colonnes de Défis Actuels, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), Maurice Kamto, par ailleurs incarcéré pour organisation de manifestations illégales.
Le même homme, en compagnie de quelques compagnon d’infortune, s’affiche en couverture de Le Jour pour proposer des solutions à la guerre sécessionniste anglophone : libération immédiate et sans conditions des prisonniers politiques, mise en œuvre de moyens d’évaluation de l’état de santé des concernés, cessez-le-feu, cantonnement des milices, amnistie intégrale, levée de l’interdiction des manifestations politiques, libre exercice des libertés et droits fondamentaux.
Place au dialogue national inclusif ! tonne Diapason qui, après un inventaire non exhaustif des pertes socio-économiques, estime qu’il est temps de réunir toutes les forces vives du pays pour anticiper et résoudre, définitivement et efficacement, toutes les crises actuelles et latentes.
Le sujet, reprend le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, était au menu, la veille, de l’audience accordée par le président Paul Biya à l’ambassadeur de Suisse à Yaoundé, Pietro Lazzeri, qui a «réitéré la volonté et l’engagement de son pays à accompagner le gouvernement camerounais dans la recherche des solutions à la crise sociopolitique» dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
La même publication, sur le front social, s’intéresse à la décision gouvernementale portant résiliation de contrats de prestations de marchés publics et visant 334 entreprises, ayant abandonné les chantiers dont elles avaient la charge entre 2014 et 2016.
À en croire les réactions de bon nombre de prestataires frappés par cette suspension, la décision du ministère des Marchés publics n’est pas fondée sur des preuves concrètes, analyse InfoMatin, s’interrogeant lourdement non seulement sur la crédibilité des entreprises sanctionnées, mais aussi sur les procédures d’attribution des marchés publics au Cameroun.
Le Quotidien de l’Économie et Le Financier d’Afrique, pour leur part, s’intéressent aux préoccupations du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) face à la crise des devises, dont le rationnement de fait est désormais imposé aux entreprises pour le règlement de leurs transactions internationales.
FCEB/cat/APA