L’annonce, la veille, de la date de la tenue de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football 2021 trône en couverture des journaux camerounais parus jeudi, au même titre que la recrudescence des violences exercées par les élèves sur leurs enseignants.
Ce sera donc du 9 janvier au 6 février de l’année prochaine, titrent en grande manchette le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune et son confrère hebdomadaire Baromètre Communautaire, à propos de la plus grande compétition sportive du continent. «Ce sera au Cameroun», confirme L’Anecdote, comme pour lever le suspense et exorciser le mauvais souvenir sur la même compétition, initialement prévue l’année dernière au pays des «Lions indomptables», et qui du fait de grands retards dans la réalisation des infrastructures, s’est tenu finalement en Égypte.
Les textes de la Confédération africaine de la discipline (CAF) prévoient la livraison des infrastructures devant abriter l’événement six mois avant le début de la compétition, rappelle, non sans une pointe d’inquiétude, Mutations, précisant que les stades, hôtels, voies d’accès, etc. doivent être mis à la disposition de l’instance en juin prochain.
À propos de la date annoncée, la même publication fait observer que c’est le deuxième changement de période qui survient en l’espace de 14 mois : après la mutation de l’année 2019 pour 2021, il s’agit maintenant de la modification de la date de juin-juillet à janvier-février 2021.
Toujours est-il que Mutations réserve son principal titre de couverture au drame, survenu mardi dans un lycée de la capitale, Yaoundé, lorsqu’un élève de la classe de 4ème a mortellement atteint son enseignant de plusieurs coup de couteau. Refaisant le diagnostic du fameux concept d’«école ordinaire», le journal se désole que les enceintes scolaires soient devenues des lieux où l’insécurité fait son nid. «Ces derniers temps, on observe une montée de la violence entre élèves et enseignants et entre camarades. Des comportements qui ternissent l’image de l’école et questionnent le rôle des différents acteurs de la communauté éducative.»
Comment en arrive-t-on là ? s’interroge Le Jour, constatant que les écoles du pays, plutôt que de former des têtes bien pleines, sont devenues des fabriques de petits monstres. «L’école, cette école étrangère à laquelle nous avons poussé nos enfants, a tué en eux aujourd’hui ce que nous aimions et conservions avec soin, soupire L’Anecdote. Comme les plus belles graines du grenier, généralement sacrifiées lors de la saison des semences, nous avons envoyé nos enfants à la civilisation étrangère. Laquelle a fini par occuper la place laissée libre par nos cultures dans les esprits de l’innocence, et y a installé le modèle occidental fait de droits de l’enfant, de fusillades dans les lycées et collèges, de consommation d’alcool et de stupéfiants, de constitution de gangs et de cartels.»
Mais qui se préoccupe réellement de la déliquescence de l’environnement scolaire au Cameroun ? s’emporte Le Jour, signalant les multiples alertes des médias sur le sujet. Et de pointer un doigt accusateur sur les pouvoirs publics : «Un gouvernement qui laisse mourir tous les lieux d’éveil culturel et de distraction saine, pour favoriser la prolifération des centres de débauche et de déperdition, est fondamentalement voué à contempler béatement l’effritement moral de sa jeunesse. Où est donc passé le consensus civilisationnel, minimum nécessaire à la vie politique ? Au quotidien, on observe une résurgence d’instincts grégaires et de cette brutalité gratuite, qui sont le propre de la barbarie.»
FCEB/cd/APA