Quelque 8000 nouveaux réfugiés camerounais, fuyant la crise sécessionniste anglophone dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, viennent de rejoindre le Nigeria voisin où leur nombre total approche désormais les 60.000, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Dans un communiqué publié jeudi, cette institution explique que le dernier afflux est intervenu juste avant les élections législatives et municipales du 9 février au Cameroun, alors que les habitants fuyaient les combats entre les forces de sécurité et des groupes armés séparatistes. Cet exode, apprend-on, fait suite à une hausse des déplacements internes des résidents des zones sous conflit à l’intérieur du pays, observée au dernier trimestre 2019.
S’appuyant sur des témoignages d’autres réfugiés, le HCR dit s’attendre à de nouvelles arrivées de civils venant de zones frontalières reculées, traversant à pied la savane et les forêts comme leurs devanciers, actuellement en route et qui vont tenter de rejoindre le Nigeria. Dans le même temps, et selon ses estimations, plus de 679.000 personnes sont actuellement déplacées dans les régions en crise au Cameroun.
Déclarant avoir fui la violence, certains présentant par ailleurs «des blessures par balle», beaucoup sont logés dans des écoles publiques, des établissements de santé ou chez l’habitant. «Les communautés et les autorités locales sont les premiers à réagir à ce tout dernier afflux, en fournissant de la nourriture, des abris et des articles ménagers nécessaires aux personnes qui ont tout laissé derrière elles.»
L’instance onusienne affirme ainsi travailler en étroite collaboration avec les autorités nigérianes afin de s’assurer que les réfugiés puissent bénéficier d’un abri et d’un accès aux services essentiels, précisant que ces nécessiteux ont besoin d’un soutien pour devenir autonomes et contribuer, en retour, aux communautés locales qui les accueillent.
La veille de l’alerte du HCR, c’est Human Rights Watch qui a affirmé que les séparatistes armés des régions anglophones avaient «enlevé plus d’une centaine de personnes, incendié des biens et menacé des électeurs» dans la période précédant le double scrutin. L’organisation de défense des droits humains a aussi accusé les forces de sécurité de n’avoir «pas suffisamment protégé les civils desmenaces posées par les séparatistes, mais ont plutôt commis de nouveaux abus à leur encontre au cours de la même période».
Selon son décompte, au cours des trois dernières années, les zones anglophones du Cameroun ont été impliquées dans un cycle de violence qui a fait plus de 3000 morts, a contraint 679.000 personnes à fuir leurs maisons et privé 600.000 enfants d’accès à l’éducation.
FCEB/cgd/APA