Au moins, 25% des médicaments vendus au Cameroun proviennent des circuits d’approvisionnement illicites communément appelés « médicaments de la rue ».
Le phénomène qui touchait naguère les zones urbaines s’est propagé également dans les campagnes, où des « pharmacies de la rue » ont fait leur apparition.
Il s’agit, selon une étude de l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun (ONPC), « des médicaments contrefaits, des faux médicaments et des médicaments à l’origine de bonne fabrication mais sortie du circuit normal de distribution ».
« Ce circuit illicite représente un peu plus de 25% du marché du médicament national alors que 40% des médicaments de la rue proviennent de la contrebande », selon cette association professionnelle.
Selon l’ONPC, « de nombreux personnels relevant du domaine de la santé, aussi bien des pharmaciens, des délégués médicaux, des médecins prescripteurs, de laboratoires et des sociétés chargées de la distribution des médicaments ont une responsabilité dans ce commerce illicite ».
Une situation qui a amené plusieurs pharmacies à faire faillite, dans un secteur névralgique qui englouti chaque année, au moins 100 milliards de FCFA d’importation des médicaments.
Plusieurs fois, des actions concertées du ministère de la Santé publique, de l’Ordre national des pharmaciens et des forces de sécurité ont été lancées, pour de piètres résultats, puisque le phénomène va grandissant avec des « Docta », selon l’appellation locale.
Au début ce qui se résumait à la vente des aspirines, Efferalgan, l’alcool et autres médicaments génériques s’est transformé en une vaste activité indépendamment des conséquences sur la santé de la population.
Le ministère de la Santé publique dans un communiqué parvenu jeudi à APA, va en guerre contre les vendeurs de médicaments de la rue attirant notamment l’attention des acteurs de ce commerce illicite des médicaments sur les poursuites judiciaires, conformément à la législation en vigueur au Cameroun.
S’appuyant sur la loi n°90/035 du 10 août 1990 qui stipule en son article 53 que « tout délit, étalage ou distribution des médicaments est interdit sur la voie publique, dans les foires et les marchés à toute personne même titulaire du diplôme de pharmacien ».
Des agents ont été mobilisés en vue de saisir et détruire tous les médicaments et produits vendus en marge de la loi.
« Au regard des dangers encourus par les populations victimes de ce phénomène répréhensible, et surtout conscient des conséquences néfastes des médicaments de la rue sur la santé, ainsi que sur l’économie camerounaise, le ministre de la santé annonce l’opérationnalisation aussi bien au niveau central que de chaque région, d’une brigade chargée spécialement de sillonner nos villes et localités, en vue de procéder, avec l’appui d’autres administrations concernées, à la saisine et à la destruction systématique de ces médicaments et produits », a précisé le ministre de la Santé publique Manaouda Malachie.
MBOG/te/APA