Plusieurs ressortissants des régions anglophones camerounaises du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont confié à APA qu’ils vivaient sous la pression permanente des milices sécessionnistes armées qui leur exigent des transferts d’argent en vue de soutenir la guerre engagée contre le pouvoir central.
Disposant d’un vaste répertoire, ils joignent leurs victimes par téléphone, lui indiquent le montant à expédier par voie électronique avec injonction de garder le secret de la transaction, sous peine de représailles.
«Personne n’échappe à leur chantage, et ceux qui ne s’exécutent pas dans les délais fixés doivent s’attendre à voir leurs maisons incendiées dans leur fief, ou des membres de leur famille pris en otage avec demande de rançon, allant parfois jusqu’à exécuter les captifs», raconte Fidelis N., vendeur de pneus d’occasion à Mvog-Ada, un quartier de la capitale, Yaoundé.
Et d’ajouter que «même les dignitaires du pouvoir sont astreints, dans le plus grand secret, au financement de la lutte armée que mènent les milices de la république autoproclamée d’Ambazonie».
Comme lui, ils sont nombreux, les natifs des zones sous conflit ayant dû se résoudre à mettre leur famille à l’abri, hors du Cameroun. Une précaution loin de les épargner des incessantes demandes d’envoi de fonds.
Président du Front social démocratique (Sdf), le premier parti de l’opposition, Ni John Fru Ndi a confirmé, en fin juin dernier, ce chantage auquel sont soumis les élites et anonymes : «Ils m’ont kidnappé deux fois. Ils ont kidnappé deux fois mon frère, une fois ma sœur. Ils ont brûlé ma voiture, mis le feu à l’une de mes parcelles. Ils font tout ça parce qu’ils m’accusent de ne pas les soutenir, et ils veulent aussi que je retire mes députés du Parlement camerounais.»
«La cause anglophone a été détournée par des bandits. Ils me demandent de financer les combats, je ne verserai pas un centime», martèle-t-il.
En dehors de cet effort de guerre exigé sous la contrainte, les sécessionnistes, selon des sources introduites, jouissent aussi du soutien financier actif de la diaspora anglophone installée en Europe et aux États-Unis.
FCEB/cat/APA