Malgré une économie au ralenti à cause de la Covid-19, le Cameroun a mis les petits plats dans les grands pour organiser la 33ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations.
Les chiffres donnent le vertige. La Can 2021 qui s’ouvre ce dimanche 9 janvier jusqu’au 6 février 2022 au Cameroun, battra tous les records en termes d’investissements financiers. Reportée à deux reprises, la compétition suscite un engouement national au pays des Lions indomptables.
Pour réussir l’évènement, le président camerounais Paul Biya et son gouvernement n’ont pas lésiné sur les moyens. Plus 520 milliards de FCFA (800 millions d’euros) représentant 2% du Produit intérieur brut (PIB) du Cameroun ont été débloqués pour l’érection d’infrastructures sportives et l’aménagement du territoire national. Un budget colossal qui pourrait dépasser toutes les prévisions tant les derniers réglages semblent coûteux pour le gouvernement camerounais.
Pour un pays dont la loi des finances de l’année écoulée se chiffre à 5.762,4 milliards de F CFA, le budget de la Can a pompé une bonne partie des finances publiques. Poumon économique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) avec plus de 40% du PIB, le Cameroun mise sur cette vitrine pour redorer son image et son prestige sur le continent.
Quatre nouveaux stades sur les six qui doivent abriter la compétition sont sortis de terre. Dans la capitale Yaoundé, il a fallu rénover totalement le stade Ahmadou Ahidjo (40.000 places), avant de bâtir le stade d’Olembé qui abritera neuf rencontres de la compétition dont le match d’ouverture et la finale. L’ouvrage de 60.000 places, le plus cher des six stades, a coûté la bagatelle de 254 millions de dollars (166 milliards FCFA) au gouvernement camerounais.
A Douala, deuxième ville du pays, trône l’écrin du Japoma Stadium (50.000 places), dont le coût de construction atteint les 140 milliards de francs CFA. A Bafoussam et Limbé (Ouest), deux stades de 20.000 places ont été construits alors que celui de Garoua (25.000 places) a été rénové pour se conformer au cahier de charge de la Confédération africaine de football (Caf). Et comme si cela ne suffisait pas, 13 milliards Fcfa ont été débloqués il y a quelques semaines pour remettre à neuf tous les complexes annexes qui serviront de terrains d’entraînement aux 24 équipes participantes à cette 33ème édition.
Au niveau des réceptifs hôteliers, l’Etat camerounais a encore casqué fort avec la construction de l’hôtel Krystal Palace à Douala, le deuxième hôtel cinq étoiles au Cameroun dans le cadre d’un partenariat public-privé. En somme, 80% des hôtels qui accueilleront les équipes, les journalistes, les touristes sont soit neufs, soit rénovés. Plusieurs infrastructures routières ont été aussi réalisées dans les villes désignées afin de permettre la bonne tenue de la compétition. Mais ce n’est pas tout, 182 milliards F CFA seront versés entre janvier et février à Eneo, distributeur exclusif d’électricité du pays, pour assurer une Can sans délestage.
Autant dire que l’édition de cette année est partie pour battre tous les records. A titre de comparaison, l’Egypte avait reçu une enveloppe de 30 millions d’euros pour abriter la Can 2019 en se substituant au Cameroun qui n’était pas prêt. Si ce montant peut s’expliquer facilement par le fait que le pays des Pharaons disposait déjà de stades et des infrastructures aux normes internationales, tel n’était pas le cas pour le Gabon d’Ali Bongo qui avait dépensé près de 200 milliards FCFA pour accueillir l’édition 2017.
Le peuple camerounais de son côté espère des retombées bénéfiques de la plus grande compétition bisannuelle de football du continent. Les énormes investissements consentis doivent s’inscrire sur une vision de développement à long terme après cette Can afin de booster l’économie du sport local avec comme principal défi : assurer la maintenance des infrastructures sportives.
CD/APA