Le pays de l’Afrique australe, dont la dette et les arriérés s’élèvent à près de 8,3 milliards de dollars, est frappé par des sanctions des États-Unis et de l’Union Européenne depuis 21 ans.
Une dette insoutenable, c’est le fardeau que traîne le Zimbabwe. Pour s’en libérer, un forum de haut niveau s’est tenu lundi dernier à Harare, la capitale du pays. À cette occasion, le chef de l’État Emmerson Mnangagwa a réaffirmé aux partenaires au développement et aux créanciers « l’engagement de son gouvernement à mettre en œuvre des réformes essentielles. »
Les principaux piliers sont la réforme de la gouvernance, la réforme du régime foncier, l’indemnisation des anciens exploitants agricoles et la résolution des accords bilatéraux de protection des investissements. « Malgré les défis associés au surendettement et exacerbés par les sanctions économiques illégales, le Zimbabwe est en train de franchir des étapes clés pour avancer dans l’intérêt du peuple », a déclaré son président.
En tout cas, Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (Bad), est préoccupé par l’« accumulation de la dette due à des arriérés dont on ne voit pas la fin. » Soulignant que « le Zimbabwe ne peut pas gravir la colline de la reprise économique en portant un sac de dettes sur le dos », M. Adesina a affirmé qu’ « il est temps de procéder à un apurement complet des arriérés et de résoudre le problème de la dette. »
Toutefois, reconnaît le Nigérian, les sanctions économiques enfoncent le Zimbabwe dans une dette insoutenable : « La dette elle-même n’est pas aussi débilitante que les arriérés de paiement qui empêchent le pays d’accéder à des financements concessionnels internationaux ou à d’autres sources de revenus ou de financement moins onéreuses pour rembourser ses obligations. »
Facilitateur dans les négociations, Joaquim Chissano a fait savoir que la situation du Zimbabwe était préjudiciable à la région. « La crise dans le pays a des conséquences terribles pour la région car le Zimbabwe se trouve au cœur de l’Afrique australe. De nombreux plans de développement d’infrastructures régionales, notamment des routes, des chemins de fer et des lignes de transport d’électricité, sont au point mort parce que ces infrastructures doivent traverser le pays. Le libre-échange continental est également compromis », a indiqué l’ancien président du Mozambique.
Le Zimbabwe travaille avec la Banque africaine de développement pour développer des instruments et des structures financières innovants pouvant être utilisés dans le cadre de la mobilisation de 3,5 milliards de dollars pour les indemnisations. Akinwumi Adesina, pour qui « le temps, la réactivité et la viabilité financière » comptent, a appelé les partenaires au développement « à travailler ensemble sur la structure proposée qui peut aider à tirer parti des marchés de capitaux pour financer les compensations sans dette supplémentaire pour le Zimbabwe. »
Enfin, selon le patron de l’institution financière, « la force du réengagement avec la communauté internationale dépendra non seulement de la tenue (en août 2023) des élections générales, mais aussi d’un processus électoral qui garantit un scrutin crédible. » En réponse, le président Mnangagwa a assuré que son « gouvernement est déterminé à consolider la Constitution, l’État de droit, la bonne gouvernance et à protéger les droits et libertés consacrés par la charte fondamentale. »
ID/ac/APA