Le Directeur général de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), Louis Georges Njipendi Kuotou a suggéré, dans un courrier adressé au ministre des Transports (Mintransports), Jean Ernest Ngalle Bibehe, «la suspension provisoire de l’exploitation» de la compagnie aérienne nationale.
Dans cette correspondance datée du 23 mars dernier et consultée par APA, il invoque la réduction drastique du flux de passagers due à la pandémie du Covid-19, suggérant par ailleurs la mise en chômage technique des personnels non essentiels, ou à défaut la dotation d’une subvention d’équilibre mensuelle de l’ordre de 2 milliards FCFA en cas de poursuite de l’exploitation durant la période que durera la pandémie du coronavirus.
En retour, le Mintransports indique que la dotation souhaitée «n’est pas envisageable, au regard des contraintes budgétaires de l’État». Plus encore, Ngalle Bibehe, par ailleurs président du conseil d’administration, et s’agissant de la suspension provisoire des activités de la Camair-Co, souhaite avoir une idée globale des personnels qui seraient concernés par la mesure, assortie d’éclairages quant au sort de la traite salariale qui leur sera réservée.
Cet échange épistolaire intervient au moment où, selon des sources proches du dossier, l’Autorité aéronautique nationale a suspendu l’exploitation, pour «défaillances techniques graves», de l’unique aéronef de la flotte de la compagnie aérienne nationale encore opérationnel jusqu’ici, un Bombardier Q400 acquis chez le sud-africain Cem Air.
En début mars, rappelle-t-on, le cabinet français EFAC avait été désigné par le gouvernement, au terme d’un appel d’offres international, comme adjudicataire en vue d’effectuer l’audit de la Camair-Co pour des honoraires d’un peu plus de 59 millions FCFA.
À capitaux 100% publics et qui croule sous un endettement de près de 35 milliards FCFA ainsi que de nombreux mois d’arriérés de salaire à son personnel, le transporteur n’a jamais véritablement pris son envol depuis son lancement, le 28 mars 2011.
Dans un préavis de grève illimitée qui devait prendre effet depuis le 26 février, le Syndicat des travailleurs des transports aériens (STTA) dénonçait pêle-mêle le risque très élevé de cessation d’activités, la menace très sérieuse de perte du certificat de transporteur aérien (CTA), un cadre institutionnel défavorable.
Il pointait aussi une exploitation réduite au point le plus bas, un personnel traumatisé et terrorisé, un organigramme non connu et/ou non pourvu, l’absence de vision, de missions, d’objectifs et de valeurs claires, la perte drastique et dramatique de la clientèle, le surendettement, mais aussi des locations et acquisitions inappropriées du matériel et des aéronefs.
Avec 6 directeurs généraux nommés en l’espace de 8 ans, la Camair-Co avait déjà, en 2016, fait l’objet d’une proposition de plan de redressement du cabinet américain Boeing Consulting, validée par le président Paul Biya et qui ne semble pas avoir prospéré.
Cette stratégie prévoyait notamment, outre l’apurement de la dette, l’injection de 60 milliards FCFA, le redimensionnement du réseau ainsi que la modernisation du parc d’aéronefs à 14 appareils. Il était également question, outre la reprise des vols domestiques, de l’ouverture de 5 dessertes intercontinentales et de 13 destinations régionales.
FCEB/te/APA