Les nouvelles autorités sénégalaises ont présenté lundi 14 octobre leur nouveau référentiel des politiques publiques.
En marge de la présentation de l’agenda national de transformation « Sénégal 2050 », le directeur de la Planification au ministère de l’Économie et du Plan, Cheikh Modou Thiam, a dressé un bilan de la situation économique du pays.
Face au chef de l’Etat et son gouvernement, il a souligné que le modèle économique actuel du Sénégal est peu créateur de valeur, avec une faible augmentation du PIB par habitant de seulement 0,4 % et un « cercle vicieux d’endettement ». Le développement durable du pays est fragile et le modèle de développement reste « inéquitable ».
Il a mis en lumière la prédominance du secteur tertiaire dans l’économie tandis que le secteur primaire « peine à décoller ». Le tissu économique est majoritairement composé de petites entreprises, avec seulement 10 entreprises pour 10.000 habitants, comparé à des pays comme le Singapour où ce chiffre s’élève à 500 entreprises pour le même nombre d’habitants.
Le Sénégal souffre également d’une faible productivité globale, de marges de manœuvre budgétaires limitées et d’une dépendance accrue vis-à-vis de l’extérieur, comme en témoigne la détérioration de la balance commerciale, passée d’un déficit de 14,9% en 2014 à 25% en 2023.
Malgré l’absence de véritables moteurs de croissance, Cheikh Modou Thiam estime que des opportunités existent, notamment grâce à une population jeune et dynamique. Toutefois, le pays est confronté à un capital humain peu productif, une protection sociale insuffisante, et des progrès limités dans les domaines de la santé et de l’éducation. « Près de 4 Sénégalais sur 10 sont pauvres », a-t-il précisé, avec une pauvreté monétaire touchant 37,5 % de la population nationale et jusqu’à 53 % en milieu rural.
Le diagnostic a également révélé un environnement en mutation rapide, offrant à la fois des opportunités et des menaces. M. Thiam a pointé du doigt la fragilité du modèle de gouvernance, marqué par une baisse de confiance des citoyens dans les institutions en dépit de la résilience de la démocratie sénégalaise. De plus, les collectivités territoriales sont jugées inefficaces en raison de leur manque de moyens financiers et de ressources humaines alors que l’intégration régionale reste à renforcer.
Thiam a appelé à une rupture systémique pour résoudre ces problèmes structurels, un préalable nécessaire pour réussir la transformation économique et sociale du Sénégal dans le cadre de la vision « Sénégal 2050 » des nouveaux dirigeants.
ODL/te/Sf/APA