Dakar doit se doter de nouvelles règles budgétaires pour faire face au durcissement des conditions financières au niveau international, indique la Banque mondiale dans son rapport 2023 sur la situation économique du pays.
En 2022, le Sénégal a connu une décélération de la croissance de son PIB réel à 4,2 %, après une forte reprise post Covid-19 en 2021 à 6,5 %. Celle-ci est consécutive à la baisse de l’investissement privé et des exportations, ainsi qu’une contraction du secteur agricole et de la production industrielle, explique la Banque mondiale dans son rapport 2023 sur la situation économique du pays diffusé ce mercredi.
L’institution monétaire internationale note également que les fortes pressions inflationnistes, marquées par un impact non négligeable sur les ménages à faible revenu, ont conduit à des mesures d’atténuation des chocs. Celles-ci, combinées aux emprunts contractés par les entreprises publiques – principalement pour financer les investissements dans le secteur du pétrole et du gaz – ont entraîné une augmentation de la dette publique en 2022, poursuit la BM.
Partant de ce constat, l’économiste-pays à la Banque mondiale et co-auteure du rapport, Hélène Aminatou Ba, estime que « l’assainissement budgétaire est une priorité pour le Sénégal au regard du durcissement des conditions financières sur les marchés régionaux et internationaux. (Car) il permettrait une diminution progressive de la part importante de l’encours de la dette au PIB après 2023 ».
Selon Mme Ba, « le risque de surendettement global reste modéré, mais il importe d’avoir une marge de manœuvre pour faire face aux conjonctures défavorables ».
Dans son rapport, la BM fait aussi savoir que les perspectives macroéconomiques, bien que soumises à d’importantes variabilités, sont néanmoins favorables. Elles devraient se traduire par un rebond de la croissance à 9,9 % en 2024, tirée par une forte production industrielle marquée par le début de l’exploitation des hydrocarbures.
« La croissance du pays reste résiliente malgré les multiples crises, et les perspectives macroéconomiques sont favorables. Toutefois cette croissance se doit d’être plus inclusive compte tenu de l’inflation qui a accentué la pauvreté en 2022 », a déclaré Keiko Miwa, directrice des opérations de la Banque pour le Cabo Verde, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal, cité par le document.
Au mois de mars dernier, le Fonds monétaire international avait indiqué que l’économie du pays d’Afrique de l’Ouest devrait croître de 8,3 % en 2023 grâce à une augmentation temporaire de la production de pétrole et de gaz.
« Si la production de pétrole démarre à la fin de e comme prévu, la croissance du PIB est estimée à environ 8 %, cependant, si elle est reportée à l’année prochaine, la croissance est prévue à 5 % ou 5,3 % », avait soutenu le chef de la mission du FMI, Edward Gemayel, à l’issue d’une visite à Dakar.
ARD/ac/APA