La feuille de route pour le développement de l’Ouganda, pour les cinq prochaines années, fait face à un écart inquiétant entre le budget proposé et les ressources nécessaires pour atteindre ses objectifs, selon le Groupe de défense du budget de la société civile (CSBAG).
En Ouganda, le Plan national de développement IV (PND IV), conçu comme une feuille de route ambitieuse pour propulser le pays vers un développement socio-économique durable sur les cinq prochaines années, se heurte à des défis budgétaires significatifs.
Ces obstacles, selon le Groupe de défense du budget de la société civile (CSBAG), risquent de compromettre les objectifs stratégiques de Kampala, à moins que des réformes immédiates ne soient entreprises.
Le directeur exécutif du CSBAG, Julius Mukunda, a exprimé ses préoccupations devant le Comité du budget, présidé par Patrick Isiagi, le 8 janvier 2025.
Pour l’exercice financier 2025/26, le gouvernement a alloué 57,4 billions de shillings, soit 10,4 billions de shillings de moins que les 67,8 billions prévus par le PND IV.
« Démarrer le NDP IV avec un déficit aussi important signale un échec précoce dans l’obtention des résultats souhaités », a averti M. Mukunda. Il a particulièrement critiqué le sous-financement des programmes clés comme les mesures de transformation par zone (ATM), un pilier du plan de croissance, qui n’a reçu que 2,7 billions de shillings sur les 4,7 billions requis.
Mukunda a également pointé des incohérences dans l’allocation des ressources. Tandis que certains programmes essentiels restent sous-financés, d’autres, comme l’urbanisation et le logement durables, ont reçu des fonds excédant les estimations initiales.
Cette situation, selon lui, reflète une mauvaise coordination entre les agences gouvernementales.
« Sans un alignement approprié, nous risquons des efforts fragmentés qui détourneront le PND IV de ses objectifs fondamentaux », a-t-il déclaré.
Appel à des réformes structurelles
Le CSBAG a appelé à une évaluation plus rigoureuse des coûts et à une meilleure coordination entre les agences pour garantir que chaque centime dépensé contribue directement aux objectifs de transformation du pays.
Mukunda a également insisté sur la nécessité de réviser la loi de 2015 sur la gestion des finances publiques, qui reste inadaptée à l’approche programmatique introduite par le PND IV.
Les membres du Parlement ont soutenu certaines propositions du CSBAG, notamment l’introduction de sanctions pour les districts non conformes au PND. Le député Faith Nakut a salué cette idée, estimant qu’elle inciterait les administrations locales à respecter les priorités nationales.
Pour certains parlementaires, le PND IV ressemble davantage à un ensemble de projets disparates qu’à une stratégie globale. L’honorable Agnes Apea a notamment souligné l’absence d’une vision cohérente en matière d’infrastructures et de connectivité, affirmant que le plan devrait inclure des projets mieux définis et plus intégrés.
Avec un déficit budgétaire important, des priorités mal alignées et un cadre juridique inadapté, le PND IV risque de ne pas atteindre ses ambitions de transformation économique.
La voie à suivre, selon le CSBAG, passe par une planification réaliste, une allocation rigoureuse des ressources et une responsabilisation accrue à tous les niveaux.
ARD/te/Sf/APA