Le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara a plaidé lundi pour une « flexibilité » des programmes du Fonds monétaire international (FMI) en Afrique en tenant compte des situations conjoncturelles, lors d’un séminaire de représentants de l’institution à Abidjan.
« La question de la flexibilité, ce n’est pas pour échapper à la rigueur et à la cohérence, dans nos pays africains en général, il y a beaucoup de rigidité dans l’administration, que ce soit dans l’économie elle-même, même dans le secteur privé, et quand il y a des bouleversements, il faut vraiment que le fonds fasse preuve de flexibilité », a estimé M. Ouattara.
Il a soulevé la problématique de la lutte contre le terrorisme qui, aujourd’hui, demeure une question majeure. En Côte d’Ivoire, des « dépenses extraordinaires » ont eu lieu en très peu de temps à la suite de l’attaque de Grand-Bassam, au sud-est d’Abidjan.
Des investissements imprévus ont été faits pour la formation des soldats, pour les équipements de nouvelles technologies pour lutter contre le terrorisme, a fait observer le chef de l’Etat ivoirien, devant les représentants de la Région Afrique du FMI.
« Nous avons investi des ressources considérables dans les questions de sécurité. Je plaide un peu pour les pays saheliens comme le Niger (où) le montant alloué à la lutte contre le terrorisme est quelque chose d’exceptionnel », a-t-il soutenu.
En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, dira-t-il, le pays s’est engagé à maîtriser les effectifs de l’armée. Avec 24.000 militaires et à peu près 18.000 gendarmes et 18.000 policiers en 2011, le pays affichait au 31 décembre 18.500 militaires et envisage 20.000 gendarmes en 2020.
De ce fait, l’Etat ivoirien a acquis « près de 1.000 caméras » pour la ville d’Abidjan. Ce qui sans doute a contribué à stabiliser le déficit budgétaire à 4% du Produit intérieur brut (PIB) en 2018. L’Etat de Côte d’Ivoire envisage de réduire ce taux à 3%.
Le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, a fait savoir que pour la mise en œuvre du premier Programme national de développement (PND, 11.000 milliards Fcfa) et le second estimé à 30.000 milliards Fcfa, le pays à dû recourir à l’emprunt.
En termes de ratio, le stock de la dette sur le PIB donne un taux de 46%, a-t-il poursuivi. Le risque de l’endettement menace d’ailleurs plusieurs pays africains, selon les représentants du FMI qui encouragent les États à augmenter les ressources domestiques.
Pour la question d’arrimage à l’euro, M. Ouattara a réagi, insinuant qu’ « il y a toujours un débat » dans la zone franc. Il a assuré que « cet arrimage est la meilleure chose qui pouvait arriver » aux pays ayant le partage du franc CFA quand on voit le taux d’inflation au Zimbabwe et dans d’autres pays.
« Si nous considérons que cela ne nous convenait pas, les chefs d’Etat de l’Uemoa m’ont confié la présidence de l’organisation, je serais le premier à aller dire au président Macron que cet arrangement ne nous convient pas et il comprendrait que nous voulons changer », a-t-il déclaré.
Pour cet ancien gouverneur de la Bceao, l’union « n’a pas de raison de changer parce que c’est un arrangement convenable » et l’Uemoa fait des « ajustements qui sont nécessaires au fur et à mesure ce qui permet de maintenir le taux d’inflation bas » grâce à un cadrage macroéconomique.
AP/ls/APA