Bien que le ministre de l’Agriculture souligne les efforts du gouvernement, tout en fustigeant les écarts de prix agricoles, la réalité pour de nombreux Marocains raconte une histoire différente.
Le ministre marocain de l’Agriculture, Ahmed Bouari, a fait face aux interpellations des députés lors d’une séance parlementaire ce lundi. Au cœur des débats, l’écart grandissant entre les prix pratiqués dans les zones de production agricole et ceux affichés sur les marchés locaux. Un problème qui, à l’approche du Ramadan, exacerbe les inquiétudes des ménages déjà sous pression.
Bouari a annoncé la tenue imminente d’une réunion tripartite regroupant son ministère, celui de l’Intérieur, ainsi que celui de l’Industrie et du Commerce. L’objectif ? Trouver des solutions concrètes à cette disparité alarmante. Il a pris l’exemple des tomates, vendues à seulement 2 dirhams le kilo dans les fermes, mais atteignant jusqu’à 6 dirhams sur les étals des marchés. Ce phénomène, selon le ministre, reflète un dysfonctionnement profond dans la chaîne de distribution.
La séance a été marquée par des interventions virulentes de plusieurs députés, dénonçant les conséquences directes de la hausse des prix sur les foyers marocains. « Vous avez enterré les Marocains les plus pauvres avec ces prix. Ayez un peu de respect pour leur intelligence. Honte à vous ! » a fulminé un parlementaire, visiblement excédé par la situation.
Les élus ont particulièrement insisté sur les prix exorbitants de certains produits de base. La viande rouge, désormais inaccessible pour une grande partie de la population, dépasse les 120 dirhams (12 dollars) le kilo. La volaille, considérée comme une alternative plus abordable, oscille entre 25 et 30 dirhams (2,50 à 3 dollars). Même le poisson, autrefois pilier de l’alimentation marocaine, voit ses prix grimper de manière préoccupante.
Un problème structurel, selon le gouvernement
Face à ces critiques, Ahmed Bouari a tenu à clarifier certains points. Selon lui, la hausse des prix de la volaille n’est pas due à une pénurie, mais à une demande accrue des Marocains, contraints de délaisser la viande rouge devenue inabordable. Cependant, le ministre a insisté sur le fait que son rôle principal est d’assurer une production agricole régulière pour répondre aux besoins du pays, et non de contrôler directement les fluctuations des prix.
Pourtant, Bouari n’est pas venu les mains vides. Il a présenté des mesures prises par le gouvernement pour atténuer la crise, notamment le soutien aux intrants agricoles et la conclusion d’accords commerciaux avec 45 pays. Ces initiatives visent à stabiliser les marchés et à faciliter les importations de produits alimentaires.
Malgré ces efforts, la situation sur le terrain demeure critique. La flambée des prix, combinée aux effets dévastateurs d’une sécheresse persistante, pousse de nombreux Marocains à bout. Les marchés locaux, qui devraient être accessibles à tous, deviennent de plus en plus des lieux de frustration et d’impuissance pour les consommateurs.
Alors que le gouvernement promet des solutions et que les débats au Parlement se multiplient, l’écart entre les annonces officielles et la réalité quotidienne reste béant. Cette crise alimentaire met en lumière des problématiques structurelles profondes dans la gestion de la chaîne de distribution et l’approvisionnement des marchés.
Les Marocains attendent des réponses concrètes, au-delà des réunions ministérielles. Mais pour beaucoup, le doute persiste : les mesures promises arriveront-elles à temps pour soulager les ménages les plus durement touchés ?
MK/te/Sf/APA