Le Mali s’engage dans une levée de fonds ambitieuse avec un objectif de 1 255 milliards de FCFA sur le marché des titres publics de l’UEMOA.
Après avoir levé 976 milliards de FCFA en 2024 à travers 30 émissions, l’État malien cherche à renforcer ses finances en augmentant le volume de ses emprunts. L’ambition est d’atteindre 1 255 milliards de FCFA en bons et obligations du Trésor.
Cette stratégie intervient dans un contexte marqué par des conditions de financement plus strictes et une forte concurrence entre les États de la région, avec une pression accrue sur les investisseurs.
En 2024, le Mali avait initialement prévu de mobiliser 1 080 milliards de FCFA mais n’a atteint que 976 milliards, un résultat jugé satisfaisant compte tenu des difficultés rencontrées. Avec 30 émissions réalisées, l’année a été marquée par des défis importants, notamment un faible taux de couverture, des coûts d’emprunt en hausse et une banque centrale inflexible sur ses taux directeurs. Malgré ces contraintes, le marché des titres de l’UEMOA a montré une résilience notable, avec un total de 8 127 milliards de FCFA mobilisés en 2024, soit une augmentation de 13 % par rapport à l’année précédente.
Pour 2025, les besoins de financement des États membres atteindront 9 212 milliards de FCFA, ce qui intensifie la compétition entre les pays et complique davantage l’accès aux investisseurs. Le Mali devra donc séduire les souscripteurs tout en maîtrisant le coût de sa dette, sous peine de voir son déficit budgétaire se creuser davantage.
Un recours massif aux bons et obligations du Trésor
Le programme d’émission de titres pour 2025 repose sur deux instruments financiers majeurs. Les bons du Trésor, qui concernent 435 milliards de FCFA, permettent de répondre aux besoins de trésorerie à court terme, tandis que les obligations du Trésor, à hauteur de 820 milliards de FCFA, visent un financement plus structuré à moyen et long terme. En parallèle, deux appels publics à l’épargne seront lancés pour diversifier les sources de financement et mobiliser un plus large éventail d’investisseurs.
Les autorités maliennes affirment que cette politique d’endettement demeure soutenable, avec un ratio d’endettement projeté à 50,6 % du PIB en 2025, bien en dessous du plafond communautaire de 70 %. Mais ce pari repose sur un facteur clé : la confiance du marché.
Réformes économiques et fiscales pour limiter la pression sur la dette
Le gouvernement entend compenser une partie de cette dépendance au marché financier par une amélioration des recettes fiscales. Le taux de pression fiscale, estimé à 16,2 % en 2025, devrait progressivement augmenter pour atteindre 18 % d’ici 2027, notamment grâce à la digitalisation des paiements et du recouvrement des impôts.
Le secteur minier, qui représente une part essentielle de l’économie malienne, est également au cœur de cette dynamique. Avec le nouveau Code minier, l’État et les investisseurs locaux voient leur participation portée à 35 %, tandis que la redevance minière passe à 10,5 %. Ces ajustements visent à maximiser les retombées économiques, mais soulèvent des interrogations quant à leur impact sur l’attractivité du pays pour les investisseurs internationaux.
Avec une levée de fonds supérieure de près de 280 milliards de FCFA à celle de 2024, le Mali teste les limites de sa capacité d’endettement tout en cherchant à sécuriser sa trajectoire de croissance. La réussite de cette opération dépendra de nombreux paramètres, notamment la réaction des investisseurs, l’évolution des conditions de marché et la capacité du pays à rassurer sur la viabilité de sa dette.
Dans un environnement économique où les marges de manœuvre se réduisent, l’État devra faire preuve d’une gestion budgétaire rigoureuse. Entre financement du déficit et nécessité d’attirer les capitaux, l’année 2025 représente un test important pour la stratégie financière du Mali et sa capacité à naviguer dans un espace économique de plus en plus contraint.
MD/te/Sf/APA